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Elections US : le choc !

samedi 12 novembre 2016, par Nagib Bouguessa


Un scénario imprévisible, inattendu, impossible !
Et, l’inimaginable s’est produit.

Personne n’avait prévu ce « déroulé » : personne ! Mais il est là, bien présent, déjà !
Beaucoup ont commencé à faire avec, passée la surprise, realpolitik oblige.
Contre toute attente, déjouant la quasi-totalité des pronostics, à contresens de tous les sondages, l’élection d’un milliardaire populiste sans expérience politique, président librement élu quoique controversé, soulève l’inquiétude, la peur, la méfiance, l’incompréhension, la tristesse voire le désespoir, tout le contraire de celle de Barack qui avait suscité tous les espoirs, trop d’espoir enfin de compte au vu de son Bilan.

Réagissant à cette « triste nouvelle » à l’issue d’une élection singulière et traumatisante, certains prédisent une période d’incertitude, d’autres des temps plus difficiles, seule la grande Russie garde un certain espoir, seule l’extrême droite affiche un espoir certain. Faut reconnaitre que le candidat Trump a créé et crée bien des frayeurs. Était-ce seulement comme souvent d’ailleurs une simple stratégie électorale, vite oubliée, une fois son auteur installé dans le bureau ovale loin de « Trump International Hotel and Tower » ?
Ce fut une longue soirée, pénible pour tous ceux qui n’avaient pas vu venir la débâcle et le balourd pointaient et ils étaient nombreux parmi les analystes, les sondeurs et les universitaires. Rares étaient ceux qui envisageaient sérieusement une défaite de celle qui aurait été la première femme présidente du Bled le plus puissant et… comme tous les votes irrationnels, celui-ci a été difficile de sonder (in fine bien entendu).

L’accession au pouvoir de la bête noire de Silicon Valley, des latinos, des femmes et des noirs est considérée comme un saut dans l’inconnu mais, aussi paradoxal que cela puisse paraitre, ce magnat de l’immobilier a été en fait porté par un vote inattendu d’une partie substantielle des femmes, des noirs et des latinos ; il a su capitaliser la tentation au repli, du repli sur soi qui gagne les peuples et qui s’était déjà exprimée lors du "Brexit" .

Essayons, tentons une explication : Les « states » quoique qu’on dise reste une fédération ou les évangélistes porteurs d’une religion de conversion prosélyte et missionnaire et autres "fondamentalistes" de tout poil sont très mobilisés et déterminés dans le combat politique et l’idée d’une moralité laïque et d’un État religieusement neutre leur est inconcevable . C’est d’ailleurs contre une revendication féministe, l’Equal Rights Amendment que ceux-ci ont fait avec succès leurs premières armes politiques dans les années 1970 , ainsi ce n’est peut-être pas encore le moment d’élire une femme ; peut-être avait-on , pour d’autres courants, choisi le candidat le moins mauvais ou encore écarté celle qui représente l’establishment, le mensonge, l’alliance avec le diable, la crise économique, la mondialisation, les milieux d’affaires, Wall street, les intellos. C’est aussi, peut-être, une façon de rejeter ce système politique incarné par celle qui mélange joyeusement fonds privés et intérêt public : en tout cas la colère d’un grand nombre de grands électeurs s’est exprimé, un scrutin sans appel bien qu’au décompte final les citoyens américains qui ont voté pour « Crooked Hillary », sont plus nombreux (l’inverse chez les grand électeurs).

Donald, un prénom auquel on va s’habituer pour quatre longues années, est cet homme de plus de 70 ans, réputé entre autres pour sa démagogie, son sexisme, sa xénophobie, son ignorance, mais est-ce le premier ? Le seul ?
C’est aussi un homme qui a fait fortune dans des métiers connus pour leurs pots-de-vin (promotion immobilière) et leurs liens avec la mafia (casinos) et, dans ce registre espérons que ce soit le dernier !
Comme souvent en politique pour ne pas dire toujours, la personnalité, le charisme et la posture plus que le programme ont joué un rôle majeur dans le succès.
Y a d’autres raisons : sa virginité politique car n’ayant jamais été élu et jamais vécu « inside the beltway », sa rhétorique tenant d’un discours simpliste isolationniste, protectionniste, catastrophiste et xénophobe mais fédérateur qui a plu à l’Amérique blanche et rurale et qui est allé droit au cœur de millions d’Américains et réveillé les laissés-pour-compte, la majorité silencieuse restée, abandonnée, délaissée sur le rivage, renforcée par l’idée du complot. La peur aussi, cette défiance profonde, une peur instinctive, la peur de l’autre, peur de la contamination culturelle, peur du système, des caciques, des élus de Washington, des médias.
Enfin, Trump a été légitimé pour être la voix des "autres" ; tout au long de sa campagne, il a été et devenu le critique du "politiquement correct", la détestation des "élites" politiques et financières, l’ennemi commun de la mondialisation. Ce fut-là sa seule feuille de route, le mot d’ordre, le cri de ralliement du vainqueur surprise.
Dernière raison : le changement, l’alternance ; c’est devenu un seconde nature de voir démocrates et républicains se passer la main(pas un mot sur les autres candidats).

Concluons en disant que ce sera surement l’occasion pour la politique de reprendre ses rênes perdues depuis les grandioses manifestations contre la guerre au Vietnam, contre toutes les guerres injustes et dévastatrices, protestations qui se sont émoussées depuis.

Qui s’est ému comme jadis devant les désastres commis en Irak, en Libye et maintenant en Syrie ?

Que va-t-il se passer maintenant ?

Pour nous pas grand-chose, idem pour les palestiniens et autres citoyens du tiers et quart monde qui devons compter à jamais sur eux-mêmes et prions pour éviter le pire.

PS : amis internautes, vous avez surement remarqué que cet article est un patchwork de la presse parue en cette occasion.

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