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Oued el Bared célèbre le mois du patrimoine

vendredi 19 mai 2017, par Hamoud ZITOUNI


Il faut avoir l’esprit libre et créatif pour aller à 1200 mètres d’altitude afin d’organiser une exposition d’articles de l’artisanat local. C’est ce qu’a fait l’association de la fidélité au patrimoine et à la promotion du tourisme de la commune d’Oued el Bared située du nord de la wilya de Sétif pour célébrer le mois du patrimoine. Une association composée de jeunes et de moins jeunes dont un grand nombre sont des universitaires dont le cœur est arrimé aussi bien à la modernité et l’avenir qu’au patrimoine millénaire dont l’amazighité en est une forte composante. Mais pas que ça : ces jeunes conscients des enjeux environnementaux entendent inscrire leur commune dans le développement durable et de la protection de la nature.

Le site champêtre qui reçoit pour la troisième fois l’évènement est situé au lieu dit Aguemoune sur la crête montagneuse qui sépare les limites territoriales des wilayas de Bejaia et de Sétif. Selon toute vraisemblance et au vu de traces encore visibles d’alignement de pierre taillée, l’endroit aurait abrité un ancien fort de surveillance romain. On peut apercevoir au nord entre les alignements de crêtes abruptes la mer d’où provient en permanence une brise de fraicheur iodée. Au sud, le regard couvre tous les contreforts qui séparent le pays montagneux des hautes plaines sétifiennes. Une vue imprenable !

L’exposition à l’air libre ou dans les tentes est dédiée à l’artisanat local. On y trouve un outillage divers utilisé dans le travail de la terre et l’élevage ainsi qu’un grand nombre d’articles domestiques allant de la cuisine et au couvert jusqu’à la literie et le vêtement. On peut être surpris et admiratif par la capacité inventive de nos ancêtres à tirer profit de la matière qu’offre la nature : l’argile, le bois, la pierre, la peau d’animal, la laine, etc… pour façonner son outillage et ses articles utiles à sa vie de tous les jours. Certains objets ont perdu leur utilité et sont devenus des curiosités : la fourche en bois, le coffre de la mariée (« assandouk »), la chaussure quasi primitive faite de peau de vache dite « agherous », la meule en pierre ou « thassirs » pour moudre le blé et l’orge. La lourde couverture bariolée faite de laine appelée « bourabah » a cédé la place à la couverture en matière synthétique importée de Chine. L’araire, cet instrument de labour très bien adapté aux conditions de la montagne a été remplacé par la charrue bi-socs. Par contre, d’autres articles survivent au temps et la modernité mondialisée : la gargoulette ou « thabougalt » et le « achmokh » pour garder l’eau fraîche, le couffin en doum ou « adhelaa », le « assenaj » (panier en osier ou roseau) pour fruits, la « gass ‘a » pour le couscous (asseksiou), etc… Tous les articles sont étiquetés en arabe et en tamazight avec transcription phonétique en lettre latines pour les visiteurs non initiés.

Les organisateurs sensibles à la protection de l’environnement d’une beauté sauvage époustouflante tiennent l’endroit dans une propreté irréprochable. Les visiteurs constitués de familles entières viennent se ressourcer, retrouver les souvenirs de leur enfance et initier leur progéniture à la découverte du patrimoine ancestral. En même temps profiter de l’air pur et de la beauté du paysage qui s’offre aux yeux. Une immensité de monts verdoyants tachetés actuellement d’un jaune éclatant des gents en fleur. On peut y passer la journée en ramenant ses provisions ou prendre un sandwich et des boissons sur place.

Pour y accéder, il faut quitter le CW 137 A au niveau de l’agglomération de Tizmaline en tournant à gauche pour prendre la route menant vers Ait Messali. En arrivant à hauteur de ce dernier hameau, il faut emprunter à droite une piste carrossable qui conduit jusqu’à Aguemoune, lieu de la manifestation. La manifestation dure jusqu’à samedi 20 mai au soir.

Hamoud ZITOUNI.

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