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Voyage au cœur de la base aérienne de Aïn Arnat

L’ANP s’ouvre au public

mercredi 25 mai 2005, par Nedj


L’armée est décidée à s’ouvrir sur son environnement en faisant connaître ses nombreuses missions au public. La formule portes ouvertes a été lancée à Sétif.

À l’école de spécialisation sur l’hélicoptère qu’abrite la base aérienne de Aïn Arnat dans la wilaya de Sétif, quelque 100 élèves pilotes s’apprêtent, dans les semaines à venir, à transmettre l’emblème de l’établissement à leurs collègues de la classe inférieure. C’est la 16e promotion que forme l’école, la seule en Algérie qui initie aux métiers de pilote d’hélicoptère.
Le public, essentiellement des jeunes venus des communes et des quartiers de Sétif, ainsi que des journalistes accrédités, s’est familiarisé avec les missions de l’école et les métiers auxquels elle prépare ses élèves dans les limites admises dans ce genre de situation, où il faut concilier communication et secret défense. Des portes ouvertes sur l’école de spécialisation sur hélicoptères ont, en effet, été organisées ces derniers jours. Comme pour s’ouvrir sur son environnement immédiat, l’école a accueilli des jeunes, issus d’associations, venus avec leurs derboukas fêter cet événement sur l’esplanade de la base au rythme des Sidi El-Khyeïr et Stif El-Aâli. L’aménagement de l’esplanade dans un style gréco-romain, avec ses colonnes et ses sources qui vont se perdre dans la verdure, est là pour rappeler que la région, en particulier, et l’Algérie en général, est une beauté créée par la fécondation de cultures ancestrales porteuses de valeurs humaines : paix, art, savoir-vivre... Après un cocktail de bienvenue, les hôtes de l’école sont invités à visiter les lieux en compagnie de l’encadrement et des élèves pilotes. Sur l’esplanade les appareils en exposition ont attiré le plus d’attention. Jeunes et moins jeunes des deux sexes passent en revue les hélicoptères immobilisés, tels des experts. Plusieurs, aidés par des pilotes et des techniciens, s’installeront aux commandes, le temps de prendre une photo ou de simuler un vol.
Pour faire partie des élèves de l’école de Aïn Arnat, il faut suivre un cursus de base à l’école de Tafaroui. Une fois le tronc commun acquis, les élèvent peuvent se spécialiser sur les hélicoptères. Avant 2004, l’école formait uniquement aux métiers de pilote en une année. Mais, depuis, mise à niveau oblige, une nouvelle filière, celle d’ingénieur pilote, a été créée. Après 14 mois de formation spécialisée, les élèves seront appelés à piloter des appareils sophistiqués et dotés de nouvelles technologies de navigation et d’armement. Les nouvelles mutations que connaît l’industrie militaire exigent des pilotes des connaissances en science de la technologie. C’est une filière d’avenir.

L’hélico-écolage : du plus simple au plus complexe

L’élève pilote s’initie à son métier en se familiarisant avec des hélicoptères-école. L’écolage, selon le jargon usuel, se fait sur 4 appareils, dont 3 sont issus de l’industrie de l’ex-bloc soviétique et 1 de l’industrie française. Tous les professionnels et experts à travers le monde s’accordent à dire qu’il s’agit des modules les plus efficients pour l’écolage. Le MI-8 est l’un des premiers appareils, si ce n’est le premier avec le MI-2, acquis par l’Algérie dès 1976. Il est conçu pour assurer les missions d’appui tactique et de manœuvres. On peut l’utiliser aussi pour des missions de cargaison, de transport de troupes, de sauvetage et de recherches. Son rayon d’action maximal est de 1 000 km/h. D’une capacité de 24 passagers, son rayon est ramené à 500 km. Quant à sa vitesse optimale, elle est de 180 km/h. Le MI-2, un hybride soviético-polonais, est le frère benjamin du MI-8. Il est l’hélicoptère qui sert de premier tremplin aux futurs élèves pilotes. Son rayon d’action est de 580 km, ramené à 160 km une fois armé de 8 passagers. Le MI-2 est utilisé dans les opérations de transport de petite envergure, de secours et de sauvetage dans des situations de moindre péril. Le MI-17 appartient à la deuxième génération des hélicoptères acquis par les forces aériennes. Avec une vitesse optimale de 250 km/h, cet appareil d’appui tactique peut être engagé dans les combats grâce à son armement en roquettes, bombes et son canon de 23 mm. Toutefois, cet hélicoptère est conçu pour les manœuvres à faibles vitesses et à basses altitudes. La version du MI-24 corrige ces données. Sa vitesse optimale atteint les 320 km par heure. En plus de son armement en roquettes et bombes, il peut être armé en missiles air-sol, qui viennent optimiser ses performances dues à son canon 20 mm dirigeable. Ce dernier est corrigé par la version MI-74, lui aussi disponible à l’école.Enfin, l’industrie française est présente à travers l’Ecureuil 350. Un appareil de reconnaissance et d’observation doté d’une vitesse de 246 km/h. Une fois les élèves pilotes installés au sein de la base ou dans d’autres régiments, ils évolueront avec des appareils plus modernes, mais facilement maniables, dont ne cessent de se doter les forces aériennes depuis le retour de l’Algérie sur les différents marchés de l’industrie
militaire. Dans une perspective de modernisation et de professionnalisation, l’ordre de bataille des forces armées est riche et conséquent. Réformes politiques obligent, et à l’inverse des années de la Guerre froide, seul le rapport qualité/prix détermine, une fois les obstacles politiques levés, le choix des fournisseurs. Par le niveau élevé des pilotes algériens et leur expérience dans la lutte antisubversive, les Algériens sont réputés très exigeants sur ces marchés, une fois ouverts à eux. À propos de lutte antiterroriste, les forces aériennes jouent un rôle important, notamment grâce aux trois escadres d’hélicoptères qui forment le 9e régiment basé à Aïn Arnat. Lors des portes ouvertes, les hélicoptères ne cessaient de faire mouvement vers le sud-est du pays, sous l’œil attentif du commandant de la base, le lieutenant colonel Rachid D. Malgré le black-out, il était aisé de deviner que la destination n’est autre que l’axe Khenchela-Tébessa, où les forces de l’ANP mènent, depuis le dernier massacre qui a coûté la vie à 11 militaires dans la localité de Boudoukha, une vaste opération. Pour répondre à ce besoin, le commandement de la base, qui est le dispositif opérationnel de la plate-forme, à différencier avec celui en charge des études, est sous les ordres des autorités compétentes de la 5e région militaire. Après les moments difficiles des premières années qui ont précédé la formation des premiers maquis terroristes, l’État s’est lancé dans la difficile mais noble tâche de redéploiement dans des zones qu’on qualifiait, à l’époque, à tort ou à raison, de territoires libérés. Le 9e régiment a joué un rôle important lors de certaines opérations où l’intervention des hélicoptères a été décisive pour la suite des évènements. Lors de ces missions, aussi bien les deux pistes de la base que celle de l’aéroport de Sétif, qui reste une plate-forme mixte, sont utilisées. Dans le cas de l’intervention des chasseurs et autres transporteurs de troupes appartenant aux autres régiments, la base offre la logistique nécessaire.
Si lors de la décennie noire, la presse nationale a été parmi les seuls, sinon à un certain moment la seule, à épauler l’institution militaire dans sa tâche de sauvegarde de la République, aujourd’hui, à la lisière de la bataille de la modernisation et de la professionnalisation de l’ANP, cette même presse est appelée à assumer ses responsabilités. La muette, en entamant sa mue, s’ouvre sur la société et ne peut plus se confiner dans la posture de ces dernières années. Dans sa nouvelle dynamique de communication, elle fait appel à cette même presse pour véhiculer son message et vendre son image de marque. Selon le colonel Hamoud Hassen Khodja, commandant de l’école, ces journées s’inscrivent “dans le renforcement des liens qui unissent les personnels militaires et le monde médiatique”. Selon l’homme qui dirige l’école, après avoir fait partie de ceux ayant pris part aux nettoyage des maquis terroristes, “nos routes (les militaires et les journalistes, ndlr) se sont croisées à un moment ou un autre de notre existence et ont tissé des liens indéfectibles, fondés sur le respect, quelquefois la douleur, pendant les années noires du terrorisme”.
Des hélicoptères de Aïn Arnat, les villageois des zones rurales de Collo et des Aurès en savent quelque chose. Ils furent, il y a moins de trois mois de cela, leurs seules sources de salut face à une nature déchaînée. En effet, les derniers sinistres survenus en mer, ainsi que ceux liées aux intempéries du dernier hiver, sont là pour pousser le commandement des forces aériennes à inscrire sur sa feuille de route la prise en charge des interventions liées à ces cas de missions de service public. Pour le colonel Amira, responsable de la communication au sein des forces aériennes, les escadres d’hélicoptères sont toujours prêtes à intervenir. Toujours selon notre interlocuteur, une meilleure gestion des risques par les concernés, les entités en situation de sinistre, faciliterait l’intervention des secouristes. À chaque fois que les premiers concernés respectent les règles de sécurité et les procédures en la matière, l’efficacité des secours, y compris celles organisées par air, aboutissent.

Ouverture et communication

Ainsi, à l’instar de toutes les autres armés engagées dans la modernité, l’ANP abandonne progressivement le fameux droit de réserve pour communiquer avec son environnement. À travers ces portes ouvertes, les forces aériennes ont cherché à atteindre quatre objectifs essentiels.
Le premier et d’offrir aux Algériens les informations utiles sur l’une des composantes de leur armée. Le second est de permettre à la population de Aïn Arnat et de Sétif d’avoir une idée plus positive sur ce qui se passe à l’intérieur de l’enceinte militaire. Autrement dit, relever l’importance économique, sociale et technologique du site qui, de par son implantation dans la région, apporte un plus inestimable. Le troisième est de fournir aux candidats potentiels au métier de pilote sur hélicoptère les données nécessaires et les plus proches de la réalité.
Enfin, le quatrième est de favoriser l’émergence d’une presse spécialisée à même d’apporter un plus à l’effort de modernisation de l’institution.

M. K., Source : Liberté

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