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Le problème de la traduction à Sétif est lié à l’édition du livre

Le champ de la lecture demeure ancré dans la déperdition

vendredi 17 novembre 2006, , article écrit par Abdelhalim Benyelles, La Tribune et publié par Bougaa


Poser la problématique de la traduction à Sétif serait aussi poser le problème du livre en Algérie. Le dernier Salon international du livre d’Alger a dévoilé des carences certaines en matière d’édition, de diffusion et de vulgarisation du livre dans une cité de 400 000 âmes qui ne dispose pas encore de bibliothèque. De plus, le métier de libraire a depuis longtemps disparu. Seul un bouquiniste tente un tant soit peu de maintenir l’équilibre culturel et de répondre ainsi à la demande du lectorat en accueillant un public diversifié formé d’universitaires et de personnes de différents âges.
C’est ainsi que l’expérience de la traduction dans la région de Sétif demeure méconnue. En fait, c’est tout le circuit de la propagation de la lecture qui est démarqué de l’entreprise de conception du produit culturel. Les éditeurs, versés dans des tâches purement commerciales, n’offrent aucune opportunité aux auteurs pour aborder des projets dans une perspective d’« ouverture sur le monde », selon l’expression de l’un d’entre eux.
Le métier d’éditeur se confond souvent avec celui d’imprimeur dans des créneaux publicitaires, d’impression de dépliants ou de revues locales bien loin de la préoccupation des auteurs.
Pour le seul auteur concerné par la traduction, rencontré à Sétif, c’est plutôt l’expérience de l’éditeur étranger qui semble la plus appropriée aux projets de traduction ou à l’adaptation des œuvres littéraires. « Un défi » relevé pour contourner les contraintes dans le domaine de l’édition au niveau local. Il s’agit de chantiers ouverts sur la culture nationale où le conte berbère prend une place prépondérante dans le monde de l’édition. Selon l’auteur, un spécialiste en sciences du langage, la tentative de puiser dans le terroir culturel kabyle permet aussi d’identifier des signes pertinents de similitude entre les diverses traditions qui constituent le patrimoine culturel national.
Le Dr Rabdi Larbi considère que l’opportunité de la traduction de contes berbères en langue française et leur édition à la maison l’Harmattan constitue, certes, un acquis pour l’enrichissement des publications algériennes ; cependant, c’est l’absence du public concerné qui pose problème à ses yeux. « J’aurais souhaité que ces œuvres, en raison de leur originalité soient destinées à nos enfants de prime abord », soutient l’auteur des Histoires pour enfants. Mais, la publication du genre, en déperdition en Algérie, pourrait tout de même constituer une matière à préserver, en attendant la mise en place de circuits de propagation de l’acte de lire.
Il s’agit du mouvement associatif culturel, des institutions culturelles et éducatives ainsi que de la réhabilitation du métier de libraire et d’éditeur.
Du reste, tant que l’acte de lire n’a pas atteint sa dimension culturelle et civilisationnelle dans une société où la portée du livre souffre des aléas sociaux et économiques, la problématique de la traduction demeure posée.
« Pour peu que le livre soit lu afin que les auteurs s’intéressent à l’entreprise de sa traduction », soutient un lecteur dans une réflexion qui pourrait constituer l’arrière-fond de l’équivoque de la vulgarisation du livre par le biais de la traduction des œuvres.

A. B.

La Tribune


Abdelhalim Benyelles, La Tribune

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