SETIF.INFO

Accueil > Setif.info (1999-2021) > Culture

A Sétif, on attend toujours la relance de la culture

jeudi 25 janvier 2007, , article écrit par Abdelhalim Benyelles, La Tribune et publié par La rédaction


« Alger, capitale de la culture arabe 2007 » pourrait générer l’impulsion attendue au mouvement culturel national en hibernation depuis belle lurette. Ni les professionnels ni les associations ne se sont manifestés par leur présence sur la scène en offrant au public un produit culturel prometteur. Mis à part quelques actions conjoncturelles programmées par les pouvoirs publics, et, de surcroît, attribuées au programme de « la vie culturelle », c’est plutôt le verrouillage qui se fait ressentir depuis de longues années.

Pour le cas de Sétif, le premier Festival de Djemila du mois d’août de l’année 2006 devait combler la disette observée une année durant. Quelques mois après, c’est au tour de la projection, en avant-première, du film Mon colonel de Costa-Gavras, de mettre à nu les carences observées dans le domaine du cinéma eu égard aux quatre salles existantes mais non fonctionnelles. Au cours de la même période, c’est le théâtre sétifien qui est marginalisé du Festival national du théâtre professionnel d’Alger pour « non-compétitivité ». En outre, l’activité associative dans le domaine du ciné-club, de la cinémathèque ainsi que d’autres formes artistiques demeure absente ou obsolète, et ce, malgré l’adoption par les nouvelles générations de genres musicaux, tels le chaabi et l’andalou, qui par le passé, n’avaient pas beaucoup d’audience dans la région. Il s’agit là, selon les observateurs, des effets de la gestion locale de la culture, incapable de générer une vie culturelle et artistique dans la cité. Reste que la relance du secteur à l’avenir, imprégnée de l’événement d’envergure arabe de l’année, devrait solliciter l’adhésion des responsables à la dynamique culturelle nouvelle orientée vers l’instauration d’un marché de l’art avec ses règles éthiques et économiques. L’activité culturelle et artistique demeure un créneau sous-tendu par la loi du marché, celle de la transaction financière, relèvent les professionnels. La nouvelle gestion de la culture suppose l’implication du secteur économique pour le financement du spectacle et sa promotion, telle est l’initiative encourageante entamée par la coopérative autonome les Compagnons de Nedjma de Sétif pour le montage de l’entreprise de partenariat avec les associations Chrysalide d’Alger et Gertrude II de Lyon. Il s’agit d’un projet novateur, tant sur le plan artistique que logistique, qui se présente comme un fait rassurant. Car, d’une part, le programme, en plus d’offrir au public une diversité de représentations et de spectacles, a une implication directe sous forme de stages de formation et, d’autre part, des opérateurs économiques de la région, jadis guère au fait des projets de la culture, se sont, cette fois, impliqués. Outre cela, l’exemple d’initiative personnelle et d’innovation, situé au niveau des orientations nouvelles de la promotion du produit artistique et culturel, apparaît dans l’ouverture d’une galerie d’art par l’artiste peintre Ghedjati. Considéré, à juste titre, comme une première à Sétif, cet espace permettra au public de se frotter à l’art. Le vernissage d’une exposition a déjà donné un aperçu du succès qui a couronné cette galerie.

Pour l’heure, les modes de gestion de la culture à Sétif demeurent désuets si l’on prend en compte les nouvelles expériences lancées dernièrement par les artistes et qui devraient interpeller les décideurs du secteur quant à la nécessité de revoir leur vision de la culture. Au-delà de l’événement d’Alger, capitale de la culture arabe 2007, la politique culturelle est appelée à subir de nouvelles orientations basées sur la rentabilité, la quantité, la qualité et le statut de l’artiste notamment. A ce titre, parmi les indications inscrites au tableau de bord du nouveau directeur de la culture de Sétif, devraient figurer ces éléments, qui mettraient fin au dirigisme et au centralisme basés sur la « figuration » artistique et la platitude, à la source de la médiocrité artistique et culturelle. L’action peut commencer par l’épuration des comptes de la gestion antérieure, car bon nombre d’associations réclament encore leurs dus.

Jeudi 25 Janvier 2007

Par Abdelhalim Benyelles


Abdelhalim Benyelles, La Tribune

Dans la même rubrique