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Semaine sétifienne à Alger : L’art en amuse-gueules

samedi 3 mars 2007, , article écrit par L’Expression et publié par La rédaction


Une première journée est entamée par la rencontre de Mokhtar Omar Chaâlal et trois plasticiens. C’est à la galerie Arts en liberté de la sémillante Wahiba Adjali que s’est ouverte, jeudi dernier, la manifestation « Sétif sur un plateau », qu’étrenne l’association Chrysalide. Par cette chaleur préprintanière, qui colore l’atmosphère par son aura, nous sommes partis, en premier lieu, à la rencontre de Omar Mokhtar Chaâlal.

Assis, les yeux derrière ses lunettes, signant ses oeuvres ou palabrant avec des lecteurs ou amis ayant fait le déplacement depuis Sétif, nous osons faire une petite irruption dans ce petit carré qui lui est consacré. Nous laissons de côté son actualité immédiate, la vente-dédicace de ses livres Kateb Yacine : l’homme libre et Le fugitif pour nous mettre à parler de ses projets qui lui tiennent à coeur. Omar Mokhtar Chaâlal nous confie ses envies : adapter au théâtre La Révolte des saints de Ahmed Akkache, un essai historique sur la révolte des circoncellions contre l’empire romain. (ouvrage publié aux Éditions Casbah en 2006). « Il n y a que le théâtre qui peut toucher un large public pour pouvoir vulgariser cet ouvrage » nous indique l’écrivain sétifien et de reprendre : « Mon objectif est d’écrire aussi un livre romancé sur la vie et le parcours d’Ahmed Benzine. Je l’ai connu de son vivant. Nous avions la même appartenance idéologique et politique. c’est une personne que les jeunes doivent connaître. Il a été au confluent de tous les combats y compris celui de la femme. C’est un travail de mémoire que je compte effectuer ».

Enfin, M.Chaâlal nous confie son désir d’écrire un livre sur le marasme de la jeunesse algérienne qui tente de partir. « El harraga ! » fait t-il remarquer, en soulignant que cela touche aussi les filles. « C’est un sujet qui se doit d’être écrit dans la sérénité, car il nous interpelle tous » nous explique-t-il. Après la littérature, place à la magie de la peinture et ses signes cabalistiques. Moment vernissage. Nous nous dirigeons vers trois univers, trois plasticiens venus de Sétif. Le premier qui « aguiche » notre curiosité est Kamel Souissi.

Cet ancien élève de l’Esba d’Oran, est spécialiste de bandes dessinées. Ici, il expose une trentaine de planches réalisées selon la technique encre de Chine. Intitulée L’Année de la comète, et réalisée en noir en blanc, celle-ci datant pourtant de 1986, n’a pas pris une ride. Elle dénonce la violence faite aux enfants en temps de guerre. Dakar-Alger-Paris, est une autre BD, pas encore achevée et conçue par ce dessinateur de presse, notamment.

Affectionnant la science fiction ou le côté futuriste, cette BD se veut être une parabole écologiste sur la dominance de l’hémisphère Nord sur l’hémisphère Sud. Elle sera baptisée : la guerre de l’eau. Travaillant à l’instinct, l’artiste a aussi exposé deux peintures à l’huile de style abstrait pour exprimer son opposition à la violence, déclinées essentiellement en bleu et rouge.. Enfin, dans le cadre de l’Acte III de l’Opération noir sur blanc, initiée par l’association Chrysalide (Alger) et la compagnie Gertrude II (Lyon), M.Souissi sera de la partie en étant le concepteur d’une installation plastique, Bonbon Toxic, qu’il va accomplir avec la collaboration de Abdellah Ghedjati. Ce dernier, a présenté une trentaine d’oeuvres réalisées autour du thème du patrimoine culturel national. « Toute les civilisations qui sont passées en Algérie possèdent un riche patrimoine. » Aussi, s’inspire-t-il des arts rupestres et de la calligraphie arabe.

L’artiste travaille à l’aide d’une spatule pour obtenir certains effets de couleur, une expression plus personnelle. Pour sa part, définissant sa peinture d’« art moderne », Mohamed Ferkous, cet ancien élève de l’Institut national d’art dramatique et audiovisuel, a présenté, lui aussi, une partie de son oeuvre, qui s’est nourrit, nous a-t-il confié, de tous les courants artistiques, en étant une synthèse « par l’enrichissement du patrimoine artistique humain, dans ses aspects décoratifs, spirituels et symboliques. » L’on peut distinguer ainsi dans ses tableaux une obédience à sa première période, une approche impressionniste qui se dégage d’un foisonnement de couleurs imbriquées. Décliné sur un ton un peu agressif au regard, cette vision, traduit « au fond » la recherche de l’artiste de L’Ordre dans le désordre. l’exposition est ouverte jusqu’au 10 mars.
A voir.

O. HIND, L’Expression


L’Expression

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