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Les grandes lignes de la nouvelle politique de l’Elysée

Un homme qui fait peur et rassure

dimanche 17 juin 2007, , article écrit par Nabil HAFHOUF, Sétif Info et publié par La rédaction


Selon un sondage Ifop (Institut Français d’Opinion Publique) réalisé pour Le Journal du Dimanche Nicolas Sarkozy atteint un sommet de popularité de 65%. Aucun président depuis le général de Gaulle ne s’est envolé aussi haut dès son arrivée à l’Elysée, est-ce une période de grâce susceptible de continuer ?

Le phénomène sarko, son popularisme, son succès et par-dessus tout son arrivée au pouvoir, réside sans doute dans sa capacité d’anéantir politiquement ses adversaires, y compris ceux de son propre camp, de les décrédibiliser, de les stigmatiser et de les battre farouchement sur leurs sols. Cet homme de petit gabarit possède une véritable machine de guerre tout terrain, en l’occurrence l’UMP. Cette machine a pour mission de combattre et gagner peu importe l’adversaire, et peu importent les moyens.

Certes, son programme sur le plan de la politique étrangère ne fait pas l’unanimité. On peut citer dans ce cadre : la nomination de B. Kouchner au poste de ministre des affaires étrangères, un des seuls partisans de la guerre en Irak et grand homme de la gauche française. Ou encore la sympathie controversée envers le premier ministre anglais sortant : le socialiste T. Blair qui, il faut le rappeler, a réalisé à la fois le plein emploi en U.K et le cumul de deux mandats successifs.

Outre son caractère combatif Sarkozy a gagné son pari de candidat grâce un programme économique et social extrêmement concret et pragmatique. Durant sa campagne électorale, il a apporté des réponses claires et directes, parfois même dérangeantes : pour baisser la lourde dette extérieure de la France, atteignant les 2000 milliards d’euros, il a proposé le non remplacement d’un départ sur deux à la retraite des employés de la fonction publique, car ce secteur représente 40% des dépenses de l’état, et c’est ici qu’il s’avère possible de faire des économies. A cet égard, il faut noter qu’une telle mesure est absolument courageuse compte tenu du poids que représentent les syndicats et partenaires sociaux. D’autre part, la baisse du taux de chômage et la réalisation du plein emploi d’ici cinq ans dépendra, affirme-il, de l’abolition de la loi maintenant le temps réglementaire de travail à 35h/semaine, et de la détaxation des heures supplémentaires. Travailler plus pour gagner plus est l’une des mesures phares qui entreront en vigueur dès cet été, elle s’appuiera également sur un contrat de travail unique contre une dizaine existant actuellement. En résumé, il envisage une détaxation des heures supplémentaires générant plus de flexibilité et plus de travail procréant ainsi la richesse, ce qui incite à la consommation. Plus de consommation signifie également plus de croissance. Autrement dit rien n’est plus efficace pour la création d‘emploi que l’augmentation du taux de croissance. Ne serait-ce pas un véritable programme anti-gauche, totalement libéral qui pourtant séduit, par sa logique et sa clarté, à la fois, les employeurs et leurs patrons ?

Et la liste des contrastes politiques de ses réformes arrogantes s’étend de plus en plus. La plus sensible, est sûrement celle qui porte sur l’écologie où il se dit à la fois favorable à la construction d’un réacteur nucléaire de 4ème génération, d’un deuxième navire porte-avion, et en contrepartie se porte garant du pacte écologique de Nicolas Hulot. Reste à signaler que la surprise est très grande quant à sa création, à la veille de sa nomination à l’Elysée, d’un grand ministère chargé de la question de l’écologie et du développement durable.

Concernant l’Europe, contrairement au président sortant, aux centristes et aux socialistes, Nicolas Sarkozy suggère, par opposition au referendum, un traité simplifié afin de sortir l’Europe du blocage dont elle soufre depuis le refus français et néerlandais de la constitution européenne. Quant au sujet de la Turquie, Sarkozy s’y oppose catégoriquement, et ce pour la raison suivante : la Turquie, disait-il, ne fait pas partie de l’Europe mais de l’Asie mineure. Toutefois, cela n’exclut tout de même pas la coopération politico-économique avec ce pays de 80 millions de musulmans.

Sur le sujet qui irrite le plus la société française, à savoir celui de l’immigration, le nouveau patron de l’Elysée se dit hostile à toute régularisation massive, car cela encourage à ses yeux l’immigration clandestine, et plonge ainsi la France et l’Europe dans les calamités de l’immigration subie. En revanche, il prévoit des négociations sur deux échelles : sur le plan inter-européen, la mise en œuvre d’une politique commune ayant comme objectif la maîtrise du flot migratoire. Et à l’échelle Euro-africaine, sa politique opte pour une collaboration large entre les états des deux continents, visant l’incitation au développement local des pays du sud.

Reste à déduire que les pays du sud, tout comme les pays arabes, regrettent encore et pour longtemps le départ de J. Chirac, qui malgré tous ses échecs, notamment sur le plan socio-économique, demeure dans leurs conceptions, un connaisseur et ami de l’Afrique et du monde arabe, adepte du dialogue entre les civilisations.
Nabil HAFHOUF
Sétif Info


Nabil HAFHOUF, Sétif Info

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