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Des extensions qui étouffent

dimanche 25 novembre 2007, , article écrit par Z. S. Loutari, Le Quotidien d’Oran et publié par La rédaction


Aussi gigantesques et combien prometteuses, en terme de résorption de l’écart entre l’offre et la demande en logements, la mise en chantier des nombreux programmes de réalisation de logements d’habitat ainsi que la mise en exécution des projets de réalisation des infrastructures pour les équipements publics financés par le chapitre du Plan de soutien à la Relance économique, dans la wilaya de Sétif, débouchent, à quelques années de leur lancement, sur des difficultés dont on ne peut dissimuler les effets.

Un véritable coup asséné au tissu urbain, déjà assez enchevêtré par l’implantation hasardeuse de cités-dortoirs aussi hideuses au coeur de zones souffrant déjà de l’étranglement. Le cas d’implantation du projet des 50 logements LSP dans la cité des 1006 logements n’est que l’illustration du gâchis prédominant dans la gestion de la ville.

Ancré au centre de la cité, le projet en question a été, au départ, confronté à des obstacles techniques qui devaient, en principe, empêcher son lancement. Comment ces mêmes logements ont-ils été livrés à leurs bénéficiaires avant même la réception définitive qui est, elle-même, assujettie, au point de vue de la règlementation, à l’approbation des plans de recollement qui implique systématiquement la levée des réserves de l’ensemble des services techniques et sécuritaires concernés ? D’autres logements (mini-cités) ont été, et le phénomène ne cesse de s’aggraver d’avantage, implantés en plein coeur d’autres cités-dortoirs, squattant ainsi les rares espaces verts disponibles. Des nouvelles cités et sièges d’administrations publiques poussent de façon hétéroclite et en faisant fi du principe d’homogénéité et de cohérence au sein de la cité. Se faisant l’harmonie globale de la ville et le sentiment de cohésion de ses habitants sont désormais placés en arrière-plan. La ville de Sétif qui, à l’origine, était organisée autour de l’historique placette de Aïn El-Fouara, une ville jadis caractérisée par ces quartiers bien aérés et entourés d’espaces verts, n’offre, désormais plus, que l’image désolante d’un gâchis urbain. Le tissu urbain est livré à une sorte de désolation criarde qui ne peut autrement s’expliquer que par l’étendue de la bêtise humaine et des pratiques que cautionne directement ou indirectement l’investissement dans cette logique des chiffres sans le moindre égard à la régularité, à la faisabilité.

D’ailleurs c’est cela seulement qui pourrait expliquer les inextricables problèmes techniques et administratifs qui favorisent la prolifération d’immeubles inachevés et justifie la faillite systématique de dizaines d’entreprises. A cet effet, il conviendrait de signaler que plus de 109 entreprises ont mis les clefs sous le paillasson (109 radiations du centre du registre de commerce local). Le plus grave reste que cette triste réalité passe pour normal aux yeux des responsables et de la population qui n’en mesurent plus les effets néfastes. Une ville métamorphosée pèle-mêle et ou autrement déconfigurée ne peut, à court terme, qu’influer négativement sur le mode relationnel des habitants qui la composent et altérer son archétype social, comme le signale une récente étude orchestrée par des architectes et sociologues locaux.

Engloutie dans des difficultés qui ne disent pas leurs noms, la ville de Sétif n’arrive plus à conserver ce qui lui reste de bien, en protégeant ce qu’elle a toujours aimé devenir. Une ville, une histoire puis un futur prometteur.

De nouvelles cités d’habitations poussent, désormais, comme des champignons, et qui plus est, sont dépourvues de toutes commodités et d’équipements d’accompagnement susceptibles de leur donner vie. Autrement dit on s’attèle, non sans fierté et grand tapage médiatique, à construire des cités rien que pour faire habiter et faire circuler des gens au lieu de créer des activités économiques intégrées à l’habitat. « Le problème de logement conjugué à la poussée vertigineuse de l’illicite tous azimuts, et que stimulent les garants de la chose publique, dope et légitime la naissance d’agglomérations satellites. La bidonvilisation des tissus urbains s’effectue au détriment de la règlementation en vigueur et au détriment même du bon sens », dira Maïern Herl, professeur à l’institut d’architecture de Bern, interrogé sur les conclusions de son étude sur le cas de l’urbanisme dans la ville de Sétif. Les sociologues soutiennent mordicus que l’extension de la ville, sans la moindre prise en compte des aspects sociaux et économiques, comme c’est justement le cas pour la ville de Sétif, demeure à l’origine de la désintégration sociale.


Z. S. Loutari, Le Quotidien d’Oran

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