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BAC 2005 Les « lettres », la fausse note

dimanche 10 juillet 2005, par Nedj


Le rideau de l’année scolaire est tombé. L’heure est au bilan. Les résultats enregistrés par la wilaya de Sétif sont, pour la 6e et le BEF, au dessus de la moyenne nationale.

Ce qui n’est pas le cas pour le bac qui a réalisé 31,24 %. Sur les 16 258 candidats, seulement 5030 candidats ont pu passer cet important écueil. La deuxième wilaya du pays en nombre de postulants aurait pu faire mieux. Les catastrophiques résultats de la série des lettres, est, avec un taux ne dépassant pas les 15 %, à l’origine de cette baisse de 11 points, car durant l’exercice écoulé, la wilaya avait enregistré un taux 42,53 %. Contrairement aux années précédentes, les filières techniques (gestion, comptabilité, génie mécanique et civil, fabrication mécanique, travaux publics et autres...) ont atteint 48 % de réussite, la filière sciences naturelles et vie n’a pas dépassé le cap des 40 %. Même le haut du classement, qui était des années durant, la chasse gardée du lycée Malika de Sétif, qui rétrograde à la deuxième position avec 48,78 % au lieu de 58,84 de la cuvée de 2004, a été le moins qu’on puisse dire chamboulé. Le lycée El Mouaiz du chef-lieu, classé l’année dernière à la 28e position avec 39,72 %, s’est adjugé la pole position. L’établissement précité fait avec un taux de réussite de 48,78 % un pas en avant. Le technicum Ahmed Zahraoui, qui était avant- dernier avec 25,71 %, c’est-à-dire classé à la 49e position, déjoue tous les pronostics. La structure précitée, et sans crier gare, se met avec ses 48,74 % à la deuxième position qu’il va falloir sauvegarder lors des futures évaluations. L’on note que ces résultats ont, qu’on le veuille ou non, étonné plus d’un d’autant que le technicum précité est, à l’instar des établissements de ce genre, mal vu par l’opinion qui considère que l’on oriente vers ces technicums que les élèves dont la moyenne n’excède guère les 10 sur 20. Avec cette prouesse s’apparentant à un bond de géant, la vision de ces parents changera sans aucun doute. Les plus importants lycées de l’antique Sitifis, à savoir Ibn Rachik et Mohamed Kerouani (Ex- Albertini) ayant formé de nombreux lettrés et intellectuels tels, Abdelhamid Benzine, Kateb Yacine et beaucoup d’autres anciens élèves du lycée, continuent de broyer leur pain noir. Une pertinente question taraude l’esprit des observateurs, les résultats obtenus par les deux derniers établissements reflètent-ils les capacités réelles de ces géants aux pieds d’argile ? En prenant connaissance des résultats des lauréats, l’on note que la filière des sciences naturelles a décroché la palme de cinq mentions très bien, toutes du sexe féminin. L’élève Leïla Chouder de Bougaâ est avec 16,30/20 première à l’échelle de la wilaya, suivie de Rima Guerriane de Malika Gaïd (Sétif) avec 16,20/20, en troisième position l’on retrouve Khadidja Mebarki de Ibn Khaldoun (Sétif) avec 16,15/20, de Meriem Débacha du lycée Allaoua Merzougui (Aïn El Kebira) avec 16,07/20 et Safia Ounoughi du lycée Ahmed Guessoum (Ras El Ma) avec 16,05/20. Huit autres candidats ont obtenu le fameux sésame avec la mention bien. Dans cette liste ne figure aucun candidat de la série « lettres » qui n’a pu franchir le cap des 15 % comme souligné ci-dessus. Ces résultats ont non seulement déçu les parents, mais délié les langues de certains d’entre eux qui pointent un doigt accusateur à l’endroit des concepteurs du sujet de l’épreuve de philo, qui est, selon eux, à l’origine de cet échec à grande échelle : « Les gens ne sont plus dupes. Le système des quotas a été une nouvelle fois mis en branle. L’année dernière, on a ‘‘freiné’’ les sciences. Cette année, c’est au tour de la série lettres de payer les choix des décideurs de l’ombre qui ne mesurent pas le tort qu’ils font à des élèves qui se sont tant sacrifiés. Le ministère, qui est le premier et le seul responsable dans ces catastrophiques résultats, doit faire son mea-culpa. Il ne peut faire des enseignants du Cnapest de parfaits boucs émissaires. Ce ne sont pas les enseignants qui ont proposé l’inabordable sujet de philo. On ne peut plus nous leurrer avec des faux-fuyants... », nous confie Mme Zineb B., exerçant une fonction libérale. M. Aïssa Boussem, directeur de l’éducation, calme le jeu,et ne veut quant à lui faire porter le chapeau à personne : « La wilaya pouvait faire mieux. Les résultats des lettres, qui sont loin de nos espérances, pénalisent nos enfants qui ont beaucoup travaillé. Pour rectifier le tir et améliorer le cas échéant, on doit analyser nos performances et évaluer, sans passion aucune, ces résultats qu’on doit tous assumer. Cela dit, les performances des sciences et du technique nous encouragent à aller de l’avant et nous permettent d’entrevoir l’avenir avec optimisme... » On apprend par ailleurs que les 53 lycées que compte la wilaya seront dès septembre prochain dotés de laboratoires d’informatiques. 42 collèges de l’enseignement moyen sur les180 bénéficieront, eux aussi, d’un tel outil devenu un support didactique des plus indispensables.

Kamel Beniaiche, Source : El Watan

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