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Virée dans les résidences universitaires : Surpopulation et absence de commodités

dimanche 26 avril 2009, , article écrit par Abdellah Benouadfel, Sawsen Dib, El Watan et publié par La rédaction


our des milliers de jeunes bacheliers, le cursus universitaire commence forcément par la vie en résidence universitaire, laquelle a deux faces. A travers cette enquête, nous essayerons de mettre au-devant de la scène celle cachée. L’université Ferhat Abbas a ouvert ses portes la première fois en 1978 avec à peine 242 étudiants.

Aujourd’hui, elle est forte de plus de 50 000 (dont plus d’un tiers occupent les cités universitaires) regroupant ceux issus des wilayas de Sétif et Bordj Bou Arréridj. Outre les étudiants étrangers, les différentes résidences implantées aux quatre coins de la ville accueillent les étudiants de Jijel, Bejaïa, Tizi Ouzou, Bordj Bou Arréridj et certaines zones de Sétif. Pour vous dévoiler les différentes facettes de la vie en cité U, nous nous sommes rapprochés de nombreux résidents et certains responsables qui ont bien voulu nous éclairer. Tous les étudiants sont unanimes à dire que la distribution de l’eau courante dans les chambres ou dans les couloirs reste le problème n°1. « Il faut descendre dans la cour avec des bidons, les remplir et remonter dans les chambres. A la longue cela se transforme en corvée qui use plus d’un », dira l’une des résidentes des 1 000 lits.
De leur côté, celles de la cité Hachemi Hocine (Samo) mettent sur le tapis les mauvaises conditions de vie, disant à ce propos : « La cité tombe en ruine sans que cela offusque les responsables qui auraient dû la fermer pour réhabiliter ce site construit en préfabriqué ayant fait son temps. L’humidité qui fait rage est à l’origine de l’effondrement, dernièrement, d’un plafond des toilettes », souligne Souhila, une étudiante en 3e années d’architecture. Le surnombre a atteint de graves proportions au niveau de la résidence du 24 Avril où l’on tasse parfois quatre étudiantes dans une minuscule chambre conçue pour deux personnes « Je n’y peux rien, toutes les cités sont encombrées, et il faut bien loger tout le monde. C’est d’ailleurs pour ça que notre cité est devenue celle des filles » nous dit le directeur de la cité.
Une cohabitation difficile
Les résidents de Boukhrissa Saïd ne sont, eux non plus, pas mieux lotis en matière d’hébergement et de transport. Pour les filles, le secret d’une parfaite cohabitation est « de se choisir mutuellement pour partager la même chambre, qu’on soit déjà amies, ou qu’on se connaisse déjà parce qu’on est dans la même filière, sinon on sera exposées à des malentendus et autres problèmes de dérangement ». Des désagréments générés par le volume trop élevé de la radio ou la télé sont les principales causes d’incompatibilité d’humeur, monnaie courante dans les chambres où l’affectation ne se base le plus souvent sur aucun critère fiable. Même la lumière, nous dit-on, est source de dispute ; une fille qui veut travailler est priée d’éteindre par sa cohabitante qui désire dormir. La mésentente ne s’arrête pas là, le téléphone et l’accueil des « invités » qui prolongent les discussions à une heure tardive de la nuit sont les autres causes de graves divergences.

Pour les garçons, c’est à peu près la même chose, mais les problèmes de dérangement ne se limitent pas à la simple querelle de voisinage, comme le fait savoir, non sans colère, un résident de Boukhrissa : « Au niveau de la cité Boukhrissa le dérangement est d’un autre type. Sans aucune gêne, certains résidents transforment les couloirs de blocs en terrain de football, pratiqué même lors de la période des contrôles. Cette situation indispose les gens qui travaillent, obligés de payer les dégâts (casse de vitres) à la place de ces fauteurs de troubles ». Tous les étudiants des cités contactés sont d’accord sur le point relatif aux repas servis dans les différents restaurants universitaires qui proposent des aliments bas de gamme ; les filles déclarent même ne pas y goûter et préfèrent cuisiner sur des résistances électriques. Quant aux garçons, ils vont le plus souvent dormir sans prendre la peine d’aller au restaurant où le soir on sert de tout sauf un repas digne de ce nom. « Pour éviter une intoxication alimentaire, je me passe souvent du dîner, le résident ne peut, dans pareilles circonstances, se concentrer sur des études supérieures qui exigent un minimum de commodités, inexistantes dans nos résidences », témoigne un résident de la cité Ahmed Rouabeh qui attend, à l’instar des milliers d’autres résidents, des jours meilleurs.


Abdellah Benouadfel, Sawsen Dib, El Watan

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