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Les biens d’une autre entreprise publique saisis

samedi 19 novembre 2005, par Nedj


Après la saisie des locaux, matériels et parc roulant de l’entreprise publique de distribution de matériaux de construction EDIMCO de Bordj Bou-Arréridj par la Banque de développement rural BADR, direction régionale de Sétif, pour non-paiement de ses créances, le même organisme financier vient de procéder officiellement à la saisie de la SIBERIATEX, l’une des plus grandes usines implantées dans la région d’El-Eulma, spécialisée dans la confection des couettes et du tissu éponge, en raison de non-paiement de sa dette qui s’élève, selon nos sources, à plusieurs milliards de dinars. L’équipement de ladite usine a été adjugé à des acquéreurs privés lors d’une séance de vente aux enchères dans le courant de la semaine écoulée, en attendant l’achèvement de l’expertise de l’infrastructure et des biens divers de l’usine qui seront proposés à une deuxième vente aux enchères incessamment. Donnant des éclaircissements sur cette affaire, un responsable de la banque expliquera que son organisme n’a agi qu’après avoir consommé toutes les voies de règlement à l’amiable, à commencer par une restructuration de la dette et à un prolongement des différés de paiement des annuités.

Du côté du personnel de l’usine qui dépasse la centaine, c’est la consternation et plus encore un véritable sentiment d’abattement. « Je n’arrive pas à comprendre ni à expliquer cette situation », nous révélera un cadre de l’usine, ingénieur de son état, argumentant que l’ouverture du marché national à la marchandise chinoise est la cause directe de la faillite qui vient de frapper l’usine dont il a assisté à la naissance. « C’est l’aberration du siècle. Comment ose-t-on attendre d’une usine algérienne spécialisée dans ce domaine de survivre alors que notre marché est inondé par la marchandise chinoise qui est offerte au prix symbolique », devait enchaîner notre interlocuteur, expliquant que la faillite de la SIBERIATEX renvoie à des causes exogènes liées une concurrence déloyale et non réglementée. « Il suffit de considérer et de prendre en compte ce qui est arrivé au marché du textile aux Etats-Unis, la première puissance économique mondiale, pour appréhender les causes réelles de la faillite essuyée par notre usine », dira-t-il d’un ton visiblement teinté de colère et d’un sentiment de suffocation.

Le fait pouvait sembler anodin, la BADR n’ayant usé que d’un droit que lui consacre en toute légitimité la réglementation et les lois régissant les crédits bancaires et la saisie en question n’obéissant qu’à la seule décision de la cour de justice d’El-Eulma. Mais le fait d’avoir agi dans un cas d’une usine mise à terre par une conjoncture d’ouverture des frontières aux marchandises tous azimuts, tout comme celui de l’EDIMCO de BBA, une entreprise pourtant relevant du secteur de l’Etat, indique clairement que la politique de souplesse n’est plus de rigueur et que les entreprises emprunteuses auprès des banques n’ont plus d’autre choix que celui de s’adapter ou de disparaître à jamais.

Zacharie S. Loutari, Source : Quotidien d’Oran

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