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Sétif rend hommage à Ferhat Abbes

samedi 24 décembre 2011, par La rédaction


« L’homme l’opprimé » est le qualificatif qu’a choisi Dr Leila Benmansour pour Ferhat Abbes lors d’une conférence tenue ce samedi à la maison de la culture de Sétif.

Ce débat-hommage, organisé par l’association des anciens élèves de Kerouani et Gaid et auquel ont assisté les compagnons et les membres de la famille de Ferhat Abbas, a été une occasion pour évoquer sa vie et son parcours. Dr Ben Mansour, qui a réalisé une thèse de doctorat sur Ferhat Abbes, a appelé à corriger l’histoire pour réhabiliter ce personnage dont le nom est intimement lié à l’histoire du mouvement national et à la guerre de Libération de 1954 avec toutes ses contradictions. A titre d’exemple, le journal « L’Entente » lancé par Ferhat Abbes en 1933 est méconnu pour cause de fausses informations concernant l’année de sa parution.

Ferhat Abbas qui nous a quittés ce même jour il y a 26 ans, est l’une des rares figures emblématiques de la révolution algérienne à ne pas cautionner la trahison des principes de la déclaration du 1er Novembre 1954 et ceux du Congrès de la Soummam. Il est aussi l’un des rares nationalistes qui ont réussi à inscrire leurs noms dans l’histoire de l’Algérie sans aucun soutien d’un parti politique français.

Ferhat Abbes a défendu la question de l’algérianité depuis 1920 alors qu’il n’avait que 21 ans. En 1931, il déclara dans son livre le Jeune Algérien cette fameuse citation : « Nous sommes chez nous. Nous ne pouvons aller ailleurs. C’est cette terre qui a nourri nos ancêtres, c’est cette terre qui nourrira nos enfants. Libres ou esclaves, elle nous appartient, nous lui appartenons et elle ne voudra pas nous laisser périr. L’Algérie ne peut vivre sans nous. Nous ne pouvons vivre sans elle.  ». En 1943, il publia le Manifeste du Peuple Algérien qu’il présenta au Gouverneur Général et dans lequel il dénonçait le Code de l’indigénat. En mars 1944, il créa "Les Amis du Manifeste et de la Liberté" qui avait pour objectif de faire la propagande pour le concept de Nation Algérienne. Après les massacres du 8 mai 1945, son parti fut dissous et il fut arrêté. Il ne fut libéré qu’après 11 mois après la proclamation de la loi d’amnistie générale des prisonniers politiques. Il créa par la suite le Parti de l’Union Démocratique pour le Manifeste et publia un appel dans lequel il dénonçait violemment les massacres horribles commis par les Français le 8 mai 1945 et exprimait les principes de son parti qu’il résumait comme suit : "Constitution d’un état algérien indépendant au sein de l’union française".

Le 15 septembre 1963, Ferhat Abbes quitte la vie politique suite à son désaccord avec Ahmed Ben Bella. Il fut arrêté « d’une manière tres humiliante et sans sa veste malgré un froid cinglant » comme l’a déclaré avec émotion Dr Benmansour. Il sera par la suite exclu du FLN puis emprisonné à Adrar dans le Sahara. Il a vu sa libération en 1965, à la veille du coups d’état du 19 juin par Houari Boumédiène. Ferhat Abbas est décédé à Alger le 24 décembre 1985. Il est enterré au carré des martyrs du cimetière El Alia d’Alger.

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