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Affaire « Habiba K » et la question des libertés religieuses en Algérie

vendredi 30 mai 2008, par Setif

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’affaire est devenue internationale. En effet, toute la presse nationale et même internationale ainsi que beaucoup de forums sur le Net en parlent depuis une semaine. Même la ministre française des droits de l’homme Rama Yadé s’en est mêlée. Il s’agit bien sûr de l’affaire de cette jeune femme Habiba Kouider, 36 ans, native de Tiaret, convertie au christianisme depuis quatre ans et qui a été arrêtée fin mars dernier par les gendarmes au retour d’un voyage à Oran où elle étudiait au Centre d’études bibliques de Bousville. Après son arrestation la jeune dame a été différée devant le tribunal correctionnel de Tiaret et le parquet a requis contre elle 3 ans de prison ferme pour « pratique sans autorisation d’un culte non musulman » ! Le verdict est suspendu pour complément d’enquête. L’affaire qualifiée de « tribunal d’inquisition » et de « chasse aux sorcières » a suscité une avalanche de réactions, d’indignation surtout, de la part d’associations des droits de l’homme et de la société civile en Algérie et à l’étranger qui dénoncent l’amalgame entre prosélytisme et pratique d’une religion autre que l’Islam.

L’affaire embarrasse également Alger, qui est déjà dans le collimateur des associations des droits de l’homme et des organisations chrétiennes internationales depuis la promulgation de la loi portant sur « l’exercice des cultes non musulmans » jugée comme étant dirigée principalement contre les chrétiens d’Algérie surtout après la condamnation du prêtre Pierre Wallez et l’expulsion du pasteur américain Hugh Johnson. Le plus gênant encore pour Alger est que cette affaire coïncide avec le jugement à Tissemsilt de six autres jeunes convertis. Ces procès à répétition porte un coup à l’image de marque de l’Algérie à l’étranger alors que le gouvernement et le président Bouteflika agissent depuis des années pour redorer l’image du pays après les années sombres du terrorisme.

Par ailleurs, cette affaire ne peut être séparée du phénomène d’évangélisation active que connait l’Algérie depuis quelques années et faisant depuis quelques mois le choux gras de la presse arabophone qui crie à « une croisade visant l’unité du peuple algérien ». Pressé par ces journaux et par les partis islamistes ainsi que par les associations religieuses, le gouvernement était forcé d’agir dans la précipitation en promulguant une loi dont l’interprétation prête souvent à l’amalgame et à la confusion. De leur côté, les partis et associations démocratiques, à l’image du RCD et du CCDR, voient dans ces compagnes contre les converties le retour de l’islamisme radical et rappellent que la liberté du culte est un droit garanti par la constitution algérienne.

Ainsi au regard de ces éléments de réflexion, que pensez-vous de cette "affaire Habiba K" ? Pensez-vous que les libertés religieuses sont menacées en Algérie ? Le phénomène d’évangélisation constitue t-il une menace pour l’unité du pays ? Quelles sont, d’après vous, les raisons qui poussent certains algériens à épouser d’autres religions que l’Islam ? Faut-il s’en inquiéter ? Peut-on craindre des réactions hostiles aux musulmans vivant dans les pays à majorité chrétienne ? La parole est à vous.


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