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Du crime contre l’humanité à la repentance : Redondance d’un simple écho ?

vendredi 8 mai 2009, écrit par A. Nedjar, Sétif Info, mis en ligne par La rédaction

C

ourroucée, humiliée par la cuisante, la rapide et l’éclaire défaite de ses troupes face aux armées du Grand Reich Hitlérien de l’Allemagne Nazi, la France, n’a su retrouver ses marques au sein des grandes nations de ce monde qu’à l’issue de la seconde guerre mondiale, grâce à l’engagement massif des ‘ boys Américains’.

Le 8 mai 1945 fut salué distinctement ici et la-bas .Par le canal de son corps expéditionnaire et d’une armée qui a été enfoncée, vaincue, guenillée, repliée dans le désordre en Algérie, loin des lignes de l’armistice, la France officielle, voulant certainement redorer son blason terni par plus fort, s’est retournée ce jour de la victoire face à un peuple désarmé .Les témoignages abondent ici. Nous n’irons pas réécrire cette histoire.

Les questions lancinantes qui s’imposent à nous aujourd’hui, qui nous taraudent et pour lesquelles nous n’avons obtenu de réponses à ce jour, seraient de savoir :

 Pourquoi cette réaction aveugle contre des populations civiles qui vivaient dans le dénuement et dans la famine en ces années 40.

 Pourquoi cette réaction disproportionnée contre une population sans défense et dans le désarroi ?

 Pourquoi avoir renié les engagements sur des promesses à l’émancipation et le recouvrement des libertés perdues.

En réponse à tous ses engagements,la France officielle , en retour à l’expression du rappel de toutes ces revendications , avait mobilisé tout son appareil répressif constitué de l’ensemble de son corps expéditionnaire colonial et de son « armée » résidente pourchassée ailleurs ,pour mener un véritable génocide à huit clos contre un peuple qui manifestait à mains nues ,ayant pour seules armes, ses voix étouffées par les tirs à l’arme à feu et au canon suivi d’une répression féroce des semaines durant.

Il en fut de même quelques années plus tard, à l’issue de la cuisante et mémorable défaite des armées coloniales à Dien Ben Phu au Vietnam. Les mêmes causes produisent généralement les mêmes effets.

Botté à l’extérieur par les Vietnamiens, ce même corps d’armée replié honteusement, alla se redéployer et renforcer celui déjà présent en nombre en Algérie. Les pouvoirs spéciaux lui furent délégués pour mener ce qui été qualifié d’opérations de maintien de l’ordre à la suite du déclenchement du 1er nov. 1954.

Toutes formes de tortures, de meurtres, d’assassinats d’innocents ont été tentées dans une guerre qui ne disait pas son nom pour ces officiels de la France, y compris les essais nucléaires sur notre sol qui reste contaminé à ce jour par la pollution meurtrière.

Une fois encore, la maturité et l’esprit de luttes et de résistance du peuple l’ont emportés sur les ignominieuses menées d’une soldatesque revancharde conduites par une 4em république moribonde et une 5 em non moins belliqueuse.

Les sacrifices consentis par tout un peuple ont eu raison de la folie meurtrière du colonialisme qui s’était vu débordé une fois encore pour être jeté au delà de nos frontières, par delà la mer, laissant derrière lui un pays et un territoire totalement détruit, désarticulé avec une population exsangue, décimées presque par huit longues années de guerre.

Redondance pour l’acte de repentance ? Est ce que c’est une exigence suffisante ?

C’est à la France officiel d’assumer son héritage et d’assumer aussi son devoir de repentance, de demander le pardon au peuple Algérien pour faire taire définitivement les démons qui dorment encore en ses entrailles et permettre la paix à l’âme de l’ensemble de nos chouhada, de 1830 à 1932.

Le statut de Rome ou le Crime contre l’humanité.
L’aboutissement de la définition du crime contre l’humanité : l’article 7 du Statut de Rome de la Cour pénale internationale en 1998

L’article 7 définit onze actes constitutifs de crimes contre l’humanité, lorsqu’ils sont commis « dans le cadre d’une attaque généralisée ou systématique dirigée contre toute population civile et en connaissance de l’attaque » :

* le meurtre ;
* l’extermination ;
* la réduction en esclavage ;
* la déportation ou le transfert forcé de population ;
* l’emprisonnement ou autre forme de privation grave de liberté physique en violation des dispositions fondamentales du droit international ;
* la torture ;
* le viol, l’esclavage sexuel, la prostitution forcée, la grossesse forcée, la stérilisation forcée ou toute autre forme de violence sexuelle de gravité comparable ;
* la persécution de tout groupe ou de toute collectivité identifiable pour des motifs d’ordre politique, racial, national, ethnique, culturel, religieux ou sexiste, ou en fonction d’autres critères universellement reconnus comme inadmissibles en droit international, en corrélation avec tout acte visé dans le présent paragraphe ou tout crime relevant de la compétence de la Cour ;
* la disparition forcée de personnes ;
* le crime d’apartheid ;
* d’autres actes inhumains de caractère analogue causant intentionnellement de grandes souffrances ou des atteintes graves à l’intégrité physique ou à la santé physique ou mentale.

Ainsi le crime contre l’humanité est une définition simple claire et précise.

Il est clairement établi que nombreuse de ces atteintes ont été présentes chez nous et même élevées en tant que moyen et outils de gouvernance légale pour des occupations illégitimes.

L’occupation coloniale elle-même est assimilée à des actes de violences.

Le crime contre l’humanité n’est pas susceptible de prescription et produit ses effets de poursuite partout ailleurs dans le monde.

Nous avons vu tout récemment le président El Bachir condamné par le tribunal de la cour international, où se trouvent les : Mitterrand, Aussares, Bigeard, Massu et autres criminels.

De la repentance au pardon c’est devenu maintenant un droit. Ce ne sont plus des exigences en l’air.

Le président Bouteflika, en visite prochaine en France aura certainement à le rappeler


A. Nedjar, Sétif Info