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La balade de gens heureux

vendredi 26 mars 2010, , article écrit par A. Nedjar, Sétif.Info et publié par La rédaction


 Vous avez volé le titre de la chanson de Gerard Lenorman, me diront certains. Tant mieux, ça vous rappellera les vieux souvenirs et des moments heureux comme ceux ci. Mais cette balade, vous pouvez vous l’offrir vous aussi à moindre frais, un ticket de bus peut être ou le prix de quelques gazouz, là au fond du parc d’attractions de Sétif

En attendant, le week end lorsque la ville sera livrée aux très nombreux visiteurs et excursionnistes venus de toutes les régions limitrophes, dans la semaine et notamment en ces fins d’après midi ensoleillés , le parc d’attractions se transforme en un immense réservoir pour toutes sortes de rassemblements et de villégiatures. C’est une aubaine pour les plus démunis et l’occasion pour beaucoup de femmes d’échanger un peu. Ici ,il se nouent bien des choses, de l’amitié à la complicité et parfois se nouent des destins aussi.

Si la partie jeux et animations est dominée par la sono et le fracas des machines en pleines évolutions ; la partie Nord du parc est plutôt réservée aux espaces verts qui sont littéralement assaillis par les mamans accompagnées de leurs enfants ainsi que par les vielles dames, tous à la recherche de moments de quiétudes et de repos en ces journées très douces.

Au cafeteria de l’ile du lac, il n’est pas rare de voir quelques vieilles compères assises seules, autour d’une table, à papoter ,sirotant du thé, des sodas ou dégustant des glaces dans l’attente du retour de leurs progénitures parties à l’aventure à bord de l’un de ces pédalos qui croisent à longueurs de journées dans ces eaux calmes et peu profondes.

Costume fringant et étincelant, trahissant son état de nouveau marié, cet autre jeune en provenance de Bou Saada, de M’sila ou de Barika, tel un capitaine de long court, debout sur son embarcation, il ordonne les manœuvres d’approche et d’accostage et oriente délicatement sa jeune compagne chargée de pédaler. Tant pis pour lui, il aura surement à en ramer plus tard, lorsque les sentiments s’émousseront avec l’usure du temps. Souhaitons-leur pour l’instant beaucoup de bonheur !

L’excitation gagne son comble sur le débarcadère qui ne désemplit pas de candidats à l’aventure. Ces « marins d’eau douce » d’une heure ou d’un après midi sont insatiables et se bousculent .Ils constituent à eux seuls le spectacle.

Plus loin dans ces carrés verts, vautrés à même le sol, sur des épaisses couches d’herbe ,ils y a ceux qui dorment, ceux qui rêvent et ceux qui se suffiront de renifler simplement l’air à petites doses. Les tous petits, sous le regards de leurs mamans s’adonnent joyeusement à de petites galipettes , aux courses et des joies de petits bambins libres et libérés des contraintes d’un trois pièces. Avez-vous vu une vieille grand-mère jouer au football avec sa M’laya déployée aux quatre vents tel un voilier ? Le spectacle est certes saisissant, mais les petits arrivent à marquer à tous les coups leurs tirs aux buts.

Thé, thé ben’naana3 ! crie de loin le surnommé Keita, ce « longiligne escogriffe » de Tindouf, fait comme un de ces Massaï, ces grands berger du Kenya. Il constitue la curiosité du parc. Il mesure plus de 2 ,20 mètres ,son chèche le rend encore plus haut. Debout sur des jambes qui n’en finissent pas, tel une tour de contrôle, il ne cesse de tourner nerveusement sa tête et son regard. Depuis quelque temps, il est sérieusement concurrencé par un autre noir africain, qui lui donne la réplique dans la pratique de la préparation et le vente ambulante du thé à la menthe .Rapide et précis habituellement dans ses gestes, pour la première fois nous l’avons vu perdre cette concentration pour déverser son jet de thé en dehors du « jetable » qu’il tenait d’une main tremblante. Thé, thé ! il s’en va au loin, hélé par un autre groupe .

Constituant presque une haie d’honneur sur les deux bords du grand passage central, ces jeunes, à l’image des coquelets qui battent les ailes pour se manifester devant leurs congénères, gonflent plutôt leur torses et font les coquets pour exprimer leurs « parades nuptiales » devant ce jeunes demoiselles rieuses . Mais attention à ces vieilles, toutes griffent dehors qui les tiennent en respect dans les limites d’un l’espace à ne pas enfreindre .Ces jeunes, pas du tout agressifs se contenteront d’agrémenter juste leurs vues ou de rêver simplement. De toutes les manières, les hommes en bleu paradent délibérément dans tous les coins et recoins des espaces pour décourager toutes velléités agressives qui viendraient à perturber ces lieux. Leur présence permanente constitue un grand soulagement pour les visiteurs et les parents.

Il est presque sept heures du soir, le Muezzin appelle à la prière du Maghreb.Les lampions, les lucioles et les réverbères commencent à s’illuminer donnant ainsi un autre cachet et d’autres couleurs au parc.

Tirés par leurs mamans, ou portés sur leurs épaules, les enfants éreintés, fatigués mais heureux peinent à avancer pour rentrer à la maison.

La surface de l’eau du lac est plus brillante. Seuls les animaux de la station zoologique sont en proie à des excitations peu communes en envoyant des cris qui déchirent l’air comme le rugissement du lion qu’on entend de loin ou des singes qui s’affolent dans leurs cages.

Tous le monde est presque rentré. C’est le moment de la sortie des crapauds qui se signalent par des coassements répétés, baignés par le clapotis d’une eau que provoque de petites vagues que génère le souffre d’une brise légère et fraiche venue du Nord.
Pendant ce temps, les quelques canards et oies rescapées, apparaissent de nulle part, s’approprient les lieux de ce grand bassin pour plonger leurs têtes dans l’eau presque boueuse à la recherches de mets que quelques irréductibles pollueurs auraient laissé échapper dans l’après midi.

Les rares badauds qui y aventurent encore sont des passants Ils traversent en fait le parc à pas résolus et pressés pour gagner leurs domiciles à l’autre bout de la ville.

Il n’est pas rare que des vents violents se lèvent dans la nuit. Les mécaniciens des différentes installations de jeux et les gérants des embarcations sont bien fatigués .Ils sécurisent le tout et contrôlent une dernières fois les amarrages .Visiblement le ciel est calme ce soir. Tout le monde s’en va dormir .Ils ne subsistera dans le parc que les vigiles accompagnés de leurs gros molosses pour garantir la surveillance et le gardiennage des lieux

Ainsi donc se termine pour ce soir la balade des gens heureux .Demain, il fera encore plus beau.

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A. Nedjar, Sétif.Info

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