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La lutte antitabac en ligne de mire à Sétif

mercredi 8 juin 2016, par Liberté

Le tabac tue une personne sur deux dans le monde. En Algérie, le tabac tue une personne toutes les 15 minutes. Il faut mettre fin à cette hécatombe en luttant contre l’industrie du tabac qui prospère en Afrique et qui a beaucoup d’influence sur les décisions politiques. Les chiffres qui ont été annoncés par le président de l’Association française des droits des non-fumeurs et secrétaire général de l’Alliance contre le tabac, Gérard Audureau, lors du troisième forum international sur le cancer organisé, hier et avant-hier, à Sétif, suscitent une mure réflexion qui nécessite désormais de mettre les bouchées doubles pour appliquer les lois. Selon le Pr Hamdi Chérif Mokhtar, épidémiologiste et auteur du premier registre du cancer, la nécessité de passer à l’acte pour appliquer l’arsenal juridique existant depuis 1985 s’impose. Notre interlocuteur n’a pas mâché ses mots pour tirer la sonnette d’alarme : “Nous allons passer à une autre étape qui est cette amorce démographique durant les vingt prochaines années, car la population va vieillir et l’incidence du cancer augmentera. Notre devoir est de se préparer davantage par des développements structuraux, stratégiques et opérationnels”, dira notre interlocuteur. Et de renchérir : “Nous devons aussi traduire les mesures prises dans le plan anti-cancer 2015/2019 en véritable actions dont un suivi rigoureux et une évaluation périodique afin de diminuer l’incidence. À cet effet, notre travail doit être focalisé sur trois volets, voire des cibles potentielles et réversibles, responsables de 50% des cancers, à savoir le tabagisme qui est responsable du tiers des cancers, l’activité physique et l’alimentation”. De son côté, M. Audureau, qui cumule une longue expérience dans le domaine de lutte contre le tabac, a indiqué à Liberté que la prévention ne suffit pas, il faut appliquer les lois.

“La lutte anti-tabac est un travail de longue haleine. Les choses ont beaucoup évolué et il y a une prise en compte de la population. Les moyens existent, cependant il manque un peu d’organisation. En France, il a fallu 20 ans pour être performants. Les associations de lutte contre le tabac doivent avoir une influence sur les gouvernements tout en restant libres”, dira M. Audureau qui a indiqué qu’en Afrique la prévalence est moins importante que dans les pays développés, cependant elle évolue très vite car le marketing est dirigé vers les jeunes et les femmes.

“Le tabagisme chez les femmes évolue en Afrique et dans les pays en voix de développement. Les femmes vont arriver au niveau des hommes sachant qu’on n’est pas égaux devant la maladie. Les femmes sont plus sensibles, notamment au cancer du poumon, d’autant plus que 80% des cancers du poumon sont liés au tabagisme”, explique notre interlocuteur qui nous a aussi indiqué que le tabac a une incidence sur le cancer du sein chez la femme.

F. SENOUSSAOUI