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La portée historique de l’école à Sétif

Le lycée Kerouani assure le lien entre le passé et le présent.

jeudi 8 février 2007, , article écrit par Abdelhalim Benyelles, La Tribune et publié par La rédaction


La ville de Sétif dispose actuellement de 9 établissements d’enseignement secondaire. cependant le lycée Mohamed Kerouani reste le monument qui demeure élevé en plein-centre de la ville, assurant la transition entre le passé et le présent.

Un « vestige » encore fonctionnel qui prodigue l’enseignement aux élèves du palier secondaire, l’ultime étape précédant l’accès à l’université, une bâtisse qui date de l’époque coloniale. L’ex-lycée Eugène Albertini comptait parmi les rares lycées d’Afrique de l’époque. Une distinction qui se prolongeait aussi durant les premières années post-coloniales où le lycée de garçons accueillait les élèves de toute la grande région qui s’étalait au nord vers la ville de Béjaïa, au sud vers la ville de M’Sila, à l’ouest vers Bordj Bou Arréridj et à l’est vers la ville de Jijel.

Sa longévité renvoie inévitablement à sa spécificité historique qui se dresse en toile de fond des promotions sortantes mais qui dessine les contours de son austérité. C’est ainsi que les archives font apparaître la liste d’une élite promotionnelle nationale qui eut une distinction honorifique. Taled Ibrahimi, Mohamed Benyahia, Kateb Yacine, Belaïd Abdesselem, Abdelhamid Benzine, Abdou Bouziane, Bachir Boumaza, Hafid Chibane, Yahia Guidoum comptaient parmi les plus brillants élèves qui eurent à gérer les actions culturelles et politiques du pays. En dehors de la mission éducative assignée à l’établissement scolaire par le passé, le lycée constitue actuellement un pôle de rencontre entre les générations et un espace de communion entre les deux rives de la Méditerranée. C’est ainsi que, sur l’initiative de cadres sortants, une association fut fondée en 1990 dans le but de réunir les anciens élèves du lycée Mohamed Kerouani, les « Kerouanistes ». Chaque année, la venue de délégations de Français d’Algérie et le rappel de leurs camarades du pays constituent des moments intenses de communion et un « pèlerinage » autour du monument qui requiert à présent une connotation symbolique. L’action vise, certes, le regroupement autour des traces d’un passé honorifique, et la concrétisation des liens entre les deux communautés mais il vise aussi à la préservation du site. Selon les impressions dégagées du dernier rassemblement de l’année dernière, la délégation conduite par Toufik Gasmi et Hafid Chibane a eu à relever des carences notables en matière de réhabilitation des lieux du monument construit en 1872.

En effet, l’état de la salle de sport, la plus importante d’Afrique à l’époque, a été déploré ainsi que quelques autres espaces de la structure.

Selon certains témoignages, le lycée d’aujourd’hui n’est désormais guère imprégné des réflexes d’hier.

En premier lieu, on signale le volet disciplinaire qui assigne à l’institution sa mission « véritable », celle de produire une génération à même de gérer dans un même espace intellectuel le savoir et la rigueur, une notion qui relève chez certains de la constitution de la personnalité intrinsèque du futur cadre de la société.

Aussi, quelques témoins relèvent que l’importance de l’acte pédagogique d’hier ne peut guère se mesurer à l’enseignement d’aujourd’hui, mais la présence de monuments, tel le lycée Kerouani, pourrait incarner la continuité de l’entreprise de l’action pédagogique grâce à une connotation qui traduit l’espoir.

Abdelhalim Benyelles


Abdelhalim Benyelles, La Tribune

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