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De la lumière à l’obscurité

samedi 17 avril 2010, , article écrit par S. Lamri, Sétif Info et publié par La rédaction


Chaque jour qui passe nous apporte son lot de désolations et d’évènements plus ou moins tragiques. Aux scandales financiers succèdent d’autres scandales financiers et au tragique succède également le tragique. Nos quotidiens semblent être devenus de simples listes d’inventaire de ces sombres évènements qui ternissent notre vie voire notre devenir. En feuilletant les pages d’El Watan, dans son édition du 15/04/2010, qu’elle ne fut pas ma stupeur et mon effroi en lisant l’article relatant le martyr des femmes de Hassi-Messaoud. Un article qui relate des évènements récents mais qui, étrangement, sont à l’identiques d’évènements similaires mais à moins d’une dizaine d’années d’intervalle. Il y a 8-9 ans des femmes à Hassi-Messaoud ont fait l’objet d’agressions, de harcèlement moral et physique pour le seul grief d’être célibataires ou divorcées et vivant seules. Certaines ont trouvé la mort tandis que d’autres vivent dans la terreur et dans la crainte de perdre la vie. Un scénario bien huilé qui débute par un harcèlement moral suivi par des agressions verbales ou physiques suivies par des menaces de mort. Le point d’orgue de ce macabre scénario est « l’organisation » de campagnes punitives à l’encontre de ces mêmes femmes. Des bandes d’hommes, jeunes ou moins jeunes, attaquent en toute impunité des femmes sans défense. Certaines de ces malheureuses ont fait l’objet de viols collectifs, au vu et au su de tout le monde.

Moins d’une dizaine d’années après, alors que l’on nous annonce tambours battants que le terrorisme n’en est plus qu’à un stade résiduel, le même scénario se reproduit sans que les pouvoirs publics ne lèvent le pouce pour faire quoique ce soit envers cette partie de la population. La société civile qui prend le relais, tant bien que mal, ne semble pas être aidée par nos médias. Ni la radio, ni la télé, officiels, ne font état d’un évènement d’une telle gravité. Quel est le tort de ces femmes, s’être retrouvées, au hasard de la vie, seules ? Est-ce un crime de vivre seule lorsqu’on est une femme en Algérie ? Pourquoi une femme seule serait synonyme de débauche, car au final c’est de ça dont il s’agit. Des procès Kafkaïens à l’encontre de femmes dont le tort est simplement d’être….femmes.

En cette date de commémoration de la journée du savoir « Yaoum Al Ilm », tant d’obscurantisme apparaît au grand jour et au grand dam de l’histoire. Pourquoi sommes nous devenus ainsi ? Intolérants, violents, asociaux et, subsidiairement, matérialistes à outrance ? Pourquoi, sommes-nous en perpétuel paradoxe envers des principes que nous considérons intrinsèques à notre identité, tels que la tolérance et la générosité ? Pourquoi nos rapports humains se sont, pardonnez –moi l’expression « bestialisés » ?

Autant de questions qui me reviennent sans cesse en tête et pour lesquelles les réponses, pourtant si simples, ne m’apparaissent pas dans notre contexte. Je ne comprends pas un tel déchaînement de violence et d’intolérance envers tous ce qui n’est pas : masculin, adulte, musulman très pratiquant, arabophone et fervent supporter du pouvoir. Je ne comprends pas que la liberté d’exister soit cantonnée à ces seuls repères. Aurait-on peur des femmes, des enfants, d’autres religions que l’Islam, d’autres langues que l’arabe et de la démocratie ? Aussi étrange que ces évènements puissent encore survenir de nos jours, il est tout aussi étrange qu’un peuple en soit réduit à ces seuls repères comme un oiseau qui s’amputerait volontairement les ailes et se laisserait mourir à petit feu.


S. Lamri, Sétif Info

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