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Zaouïa de Sidi H’ssen, carte postale entre le rêve et la réalité.

samedi 28 juillet 2012, , article écrit par Texte A. Nedjar, Setif.Info. Photos Nabil Foudi et publié par La rédaction


La Zaouïa de Sidi H’ssen est située dans ce que l’on peut appeler « nulle part » .Elle ne figure dans aucune carte. Aucun guide touristique ne la mentionne, pas plus que le moindre petit panonceau d’indication routière ne vous orientera vers sa destination.

Ce joyau ou ce « nulle part » est perché là haut dans les montagnes, entre le ciel et la terre.

Donc, si d’aventure vous croiseriez un jour cette plaque indiquant la direction « nulle part », empruntez là .Elle vous mènera droit à la Zaouïa de sidi H’ssen. Vous n’en serez nullement déçus.

En attendant, embarquez à mes cotés. Je tenterai de vous faire la visite des lieux.

Après un parcours chaotique à travers des petites routes et des pistes sinueuses et après avoir couvert un large plateau, peiné dans plusieurs cols et collines, nous voici arrivés au fond d’une trouée d’où apparaît tout en haut un joyaux dans toute sa splendeur.Oui un joyau à la couleur bleu éclatant qui nous fait presque oublier les plaintes de la voiture mise à rudes épreuves par ces chemins caillouteux .

De part et d’autres, des herbes folles, des fleurs sauvages jalonnent et charment le parcours par la variété des couleurs et des parfums enivrants qui embaument l’atmosphère .L’odeur des asphodèles se confond à celle du Zaatar naissant. Les narcisses, les cyclamens, les violettes, les soucis, enfin toute la botanique s’est donnée rendez vous dans les lieux pour nous accueillir.
L’écoulement de l’eau d’un ruisseau ou d’une douce seguia, apporte la fraîcheur, quand ce n’est le vol d’une nuée d’oiseaux qui fondent l’air par des circonvolutions remarquables. Tel un concert, le bruissement des feuilles des arbres rapporte cette note de gaîté.

Au loin, sur le versant verdoyant, un énorme chien, à la robe fauve tachetée, ne cesse d’arpenter les prés pour rabattre quelques brebis égarées avec leurs petits .Le vieux berger, son maître, bonnet enfoncé sur la tête, laissant apparaître une petite touffe de cheveux grisonnants, le nomme affectueusement S’Hab (nuage en français). S’Hab est issu de l’une de ces races de chiens dont la caractéristique est d’être plus fort, plus rapide, plus puissant et plus fin que le chacal ou ce loup de chez nous qui, affamé,invisible, rôde sans arrêt dans les alentours et dans toute la contrée.
Ce chien de race locale est le fameux sloughi ou le lévrier d’Afrique du Nord. Il ne vit principalement dans cette région. S’Hab est un de ces gardiens de troupeaux redoutables dont la seule présence met en émoi le servile chacal.Il le tient à distance et le garde ainsi sur sa faim ! Carnassier et vivant en solitaire solitaire le plus souvent nous enseigna le vieux berger, ses raides sont redoutables de même que sa chasse en groupe est tout aussi meurtrière . Combien de troupeaux furent-ils ainsi décimés ! La bataille est rude entre les deux bêtes . C’est un perpétuel combat entre eux.

La prolifération du chacal et du sanglier ces dernières années font courir les dangers aux populations isolées.
Alors qu’il nous évoquait mille aventures , le vieux Ammar stoppa nette la conversation.Il tendit l’oreille, me fit signe de me taire, leva les yeux vers le maquis ,scruta les buissons et fixa son regard vers un bosquet .Mon cœur se mit à battre. Est ce que c’est encore une autre attaque du chacal ? soudain, un cri strident déchira le ciel dans un battement d’ailes effroyable.Un perdreau affolé s’éleva au dessus de nos têtes pour filer tel un projectile derrière la colline. En vieux roublard, le regard bleu malicieux, le berger nous rassura disant : - Rien d’inquiétant c’est le petit de S’hab qui s’exerce et s’amuse à lever le gibier.

De cette entente complice avec S’Hab, qui se tenait maintenant majestueusement sur ses pattes à coté de son maître, tel un lion , en entendant son nom ,il bougea mollement sa queue comme pour nous souhaiter la bienvenue dans son royaume. Pendant cette petite halte ,le vieux berger,alerte dans ses vieux habits , le regard droit et les traits fins, ne cessait de caresser S’hab qui , en retour ,faisant mine d’ acquiescer et d’apprécier laissant échapper de sourds ronronnements comme un gros chat. Ici , c’est mon territoire, semblait-il avertir .

Nous poursuivîmes notre chemin accompagnés de deux aboiements secs pour saluer notre départ.
Je m’étais promis de revenir sur les lieux .

La voiture peinait sur ces chemins qui montent lorsqu’au sommet d’une côte apparu cette fois ci, bien réel , un ensemble féerique, .Samarkand ! M’étais-je écrié sans réfléchir ! Par dieu ! Est que c’est un mirage. C’est délirant, moi qui connaissait ces lieux depuis longtemps.Quelle transformation ,c’est époustouflant, c’est même renversant. C’est le rêve qui prend la forme d’une réalité bien palpable. Au fond de cette immense esplanade gagnée sur le flanc de montagne ,ont été érigés des bâtiments modernes de plusieurs niveaux ,à l’architecture Perso- arabo musulmane, scintillants ,comme on ne peut n’en admirer que dans des beaux livres d’art ou qu’on ne peut voir qu’à travers les reportages télés.Les lieux sont vraiment féériques !

En l’absence du chef spirituel , c’est les vacances pour les 30 jeunes jeunes Toulabes , nous fûmes reçus par son assistant qui nous fit la visite guidée de l’ensemble avant de terminer par celle du tombeau du saint Sidi H’ssen patron des lieux ,une espèce d’Hermite dont l’histoire est le parcours sont gravés sur cette grande pierre de marbre fixée à l’entrée du vieux sanctuaire.

Plus haut ,en bordure de l’horizon,s’étant un vieux cimetière d’où la vue embrasse à la fois les monts Tafêt à l’ouest qui domine la ville de Bougaa.Plus au Nord s’étant le majestueux Tababorth et sa ligne de chaîne qui se profile au loin. A l’Est, l’incontournable mont du Megris qui culmine à prêt de deux mille mètres.nous nargue avec, sur son sommet, un enchevêtrement de pylônes, de radars et d’assiettes d’émissions et de réceptions radios ,télés et téléphones .

En foulant ce cimetière, après avoir salué ses occupants, assis à même le sol dans l’herbe drue et touffue, je me pris à rêver du haut de cet espace immense .

Avez-vous parfois entendu parler du silence des cimetières ? Ici vous pouvez le percevoir, l’écouter et même le …goûter.
Ainsi, après quelques instant de rêveries et de méditations, charmé ; je ne fus tiré dans la réalité que par les appels incessants et insistants de mon compagnon.

Je comprend mieux le choix de l’implantation de Sidi H’ssen dans ce bout du monde ou ce bout de paradis terrestre .Là où l’homme ,dans toute sa splendeur et dans toute sa plénitude , reprend sa dimension humaine pour commuer précisément avec cette autre splendeur qu’est la nature généreuse de chez nous, près de chez nous ,que nombre d’entre nous n’en soupçonnent même pas l’existence.

Entre le ciel et la terre s’est dessiné ce paradis qu’est le site de la Zaouïa de Sidi H’ssen.

« Voir le cimetière de sidi H’ssen et avoir envie de mourir » pourrait reléguer au second plan cette même maxime frappée sur le fronton du vieux cimetière chrétien de Bône (Annaba) car, par ici la nature a bien marqué le réel de l’artificiel.

Visiter la Zaouïa de Sidi H’ssen, c’est s’offrir une peu de la baraka de ce saint homme que fût sidi H’ssen le saint homme pour vous offrir les clefs de ce paradis terrestre de cette contrée sauvage .Vous réaliserez à coup sûrement un rendez vous avec vous même , la haut sur les gracieuses et merveilleuses collines.

Pour le visiteur , empruntez plutôt le chemin de Ain Roua. Celui que j’ai suivi à la lisière de Ain Abassa est un calvaire qui ne n’a pas fait regretter ma visite.

PS ,Cet article a été réalisé et mis en ligne en Mars 2009. Aujourd’hui nous somme le 24 Juillet 2012 soit le 6 ème jour du ramadhan,nous avons emprunté une nouvelle et magnifique route bordée de collines et de falaises qui nous ramènent droit au site en 15 mn à partir du village de Kharba pour les visiteurs qui viennent de Setif.

Un visite des lieux est indispensable pour gouter à la fois à ce plaisir mystique et environnemental et de vous imprégner de ces lieux hors du commun et hors du temps .

Photos prises en Mars 2009

Photos suivantes prises le 24 juillet 2012


Texte A. Nedjar, Setif.Info. Photos Nabil Foudi

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