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Monseigneur Jean Scotto : Un évêque révolutionnaire algérien

lundi 8 octobre 2012, , article écrit par A Nedjar.Sétif info et publié par A. Nedjar


« Aimer exige le respect de l’autre avec toute sa différence.
Aimer exige de considérer l’autre dans son éminente dignité d’homme.
Aimer exige que les droits de l’autre soient reconnus et honorés.
 ».
Jean Scotto.

Au moment où certains voies poussent à des affrontements dans ce monde ,des extrémistes s’élèvent pour diviser les hommes, créant l’adversité, suscitant des réactions parfois violentes et l’appel aux meurtres, voici que l’Algérie, terre des hommes, terre d’amour et de tolérance, s’apprête à inhumer Pierre Chaulet, un de ses dignes fils, dans sa terre natale conformément à sa volonté, dans le cimetières chrétien d’El Mouradia, aux cotés d’Henri Maillot ,Français d’Algérie, aspirant déserteur des rangs de l’armée française ,un autre résistant anticolonialiste, grand révolutionnaire lui aussi, Moudjahid de la guerre de libération, qui a été torturé et achevé sous une rafale des gendarmes français après avoir été fait prisonnier au maquis .

Quelques jours avant d’intégrer le maquis du coté de la région de Chlef,il adressa une lettre aux rédactions de journaux où il écrit « Au moment où le peuple algérien s’est levé pour libérer son sol national du joug colonialiste, ma place est aux côtés de ceux qui ont engagé le combat libérateur »

Le décès du professeur Pierre Chaulet qui a voué toute sa vie de militant révolutionnaire et de citoyen à son pays, l’Algérie à qui nous avons consacré un hommage particulier sur ce site, nous interpelle pour rappeler le souvenir d’un autre grand révolutionnaire algérien , de souche européenne également, mort lui aussi pour ses idées et pour l’Algérie libre et indépendante. Il s’agit de Monseigneur Jean Scotto disparu il y a près de vingt ans. Ce dernier a consacré l’essentiel de sa vie pour mener son combat sous le régimes colonial en aidant les plus faibles et les plus démunis ensuite en s’engageant résolument aux cotés de la révolution algérienne et des maquisards qu’il a hébergé, transporté soigné, soutenu et sauvé les vies en grand nombre.

Le souvenir de cet exceptionnel homme de l’église chrétienne catholique, nous ramène à cette évocation pour le faire connaitre à de nombreux citoyens pour ne pas dire à la majorité qui ignorent ces faits, pour dire que parfois aussi, même dans leurs convictions différentes , dans l’adversité et l’opposition ou bien d’autres choses qui séparent ou qui rapprochent, il sont tous mus pour un seul et même objectif car leurs cœurs battent pour le même idéal qui est celui de l’Algérie leur mère commune.

C’est ce qu’il fut de Monseigneur Jean Scotto qui a dédié toute sa vie à l’Algérie et à son peuple . Nous empruntons quelques lignes au site de « l’église catholique d’Algérie » pour éclairer ce qu’était cet homme.

CURÉ PIED-NOIR.

« Fils d’un cafetier d’Hussein-Dey, il entre tout jeune au séminaire et sera prêtre le 29 Juin 1936. Il est alors nommé vicaire d’une paroisse du centre de la ville d’Alger. Au début de la guerre de 1939-1945, il échappe de peu à la captivité. A la reprise des hostilités après l’entrée en scène des américains, il s’engage et participe au débarquement en Provence le 15 Août 1944. Ses actions courageuses lui vaudront la Croix de Guerre et la Légion d’Honneur. Avant de revenir en Algérie, il découvre, au cours d’un séjour à Paris les nouveaux courants de l’animation religieuses de l’Église.
Puis il reprend ses activités de prêtre d’abord à Birmandreis. En 1948, il est nommé curé d’Hussein-Dey où il se trouve lors du déclenchement de la Révolution. Ses relations avec des chrétiens engagés pour la cause algérienne font qu’il est rapidement mis en contact avec des membres dirigeants de la Révolution. Par exemple, dès décembre 1954, il cache Salah Louanchi. Très vite il a des démêlés avec les autorités militaires françaises, d’autant qu’il cherche à faire comprendre aux chrétiens la nécessité de l’Indépendance.

En 1955, il est nommé curé de Bâb-el-Oued où son action continue. Il prend parti contre toutes les injustices et se préoccupe des difficultés de la population. C’est ainsi qu’en Décembre 1957 il met une des deux églises de sa paroisse à la disposition de sinistrés, suite à une crue dans le quartier. En 1958, il prend parti contre les manifestations Algérie française et continue de dénoncer tortures et vengeances. Il est plusieurs fois perquisitionné.
En 1961, il est nommé curé d’El-Harrach et prend, à l’Indépendance, la nationalité algérienne. En 1963, il est chargé de la paroisse de Belcourt où il promeut toutes sortes d’œuvres sociales (alphabétisation, ouvroir pour les jeunes filles, etc.). Lorsqu’en 1967 se déroulent des élections municipales, il est élu malgré lui à 100% à l’A.P.C. de son quartier.

Monseigneur Scotto, évêque de Constantine.

En 1970, il est évêque de Constantine et Annaba : c’est dire qu’il est, du point de vue religieux, le successeur de saint Augustin. Son engagement pour la promotion du pays continue d’animer toutes ses actions et il se concrétise au-delà même du territoire national lorsqu’il s’en va participer au Congrès Mondial des Chrétiens pour la Palestine, à la suite de quoi il est chaleureusement reçu par Yasser Arafat lui-même.
Cependant son plus grand désir est de rentrer dans l’ombre en retrouvant son cher quartier de Belcourt. Sa démission, plusieurs fois déposée, est acceptée en 1983. Le revoici au milieu de ce peuple qu’il aime tant. Un infarctus le terrasse alors qu’il partait visiter sa famille en France où il meurt en septembre 1993 au moment où un certain nombre de personnalités commençait à engager pour lui un processus de candidature au Prix Nobel de la Paix.
"Combien de gens en détresse tu as cachés, à combien as-tu procuré des moyens de fuir la torture et la mort pendant la Révolution ? J’espère que ton sens de l’hospitalité, ton amour pour nous algériens et pour ton pays l’Algérie, ton partage dans la douleur comme dans la joie seront récompensés là où tu es" : le témoignage, parmi tant d’autres, d’un citoyen à l’occasion de sa disparition pour honorer cet homme de foi et de conviction au service de notre cher pays. »
Nos vœux les plus chers seraient qu’un jour, de grandes places, des établissement ou des institutions officielles portent les noms de ces valeureux algériens, qui n’ont jà aucun moment hésité dans le choix de leur combat ou de leurs idées pour se ranger résolument au coté du peuple algérien et d’être de tous les combats au profit du seul seul pays qui est le leur c’est-à-dire l’Algérie.
Une pensée à tous nos chouhada parmi lesquels figure Fernand Yveton et à tous ces autres algériens, disparus ou vivants encore ,qui on consacré leurs vies à leur pays »
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Lien Fernand Yveton
http://fr.wikipedia.org/wiki/Fernand_Iveton.


A Nedjar.Sétif info

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