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Nous étions lycéens (Partie 3 - L’ECOLE PRIMAIRE)

vendredi 27 septembre 2013, , article écrit par Toufik Gasmi et publié par La rédaction


L’année scolaire pour les élèves des écoles primaires (CM2) se terminait généralement en apothéose .Les plus méritants, ceux qui ont brillamment réussi à passer en 6ème se voyaient s’ouvrir à eux les portes d’un certain lycée, imaginé des dizaines de fois virtuellement par les gamins que nous étions.
La plupart des élèves venait de localités défavorisées et se rendre dans une grande ville était le rêve que l’on voulait atteindre.

Nos maitres et maitresses de notre chère école primaire, comme on aimait à les appeler, s’évertuaient quant à eux de nous distiller pédagogiquement les bienfaits d’un tel établissement secondaire, et le rêve s’amplifiait au fur et à mesure que l’automne approchait, synonyme de rentrée scolaire.

Nous allons quitter notre école primaire, celle qui nous a accueillis dès l’âge de 6 ans. Nous allons replonger avec délice dans l’enfance, nous retourner vers le passé et de penser avec nostalgie à nos rentrées scolaires.

Souvenons nous, l’école reprenait le 1er octobre, c’est-à-dire à la même date que les hirondelles, qui se réunissaient sur les fils téléphoniques, leurs cris de rassemblement nous rappelaient que l’été était fini.
Ce jour était à la fois attendu et redouté.
Souvenons-nous de ces classes bien aérées, bien décorées, le tableau noir à deux ventaux sur lequel nous avons appris à écrire, d’un doigt hésitant les lettres de nos nom et prénom, de l’estrade en bois collée au bureau de l’instituteur ou de l’institutrice, où nous avons récité d’une voix frémissante, nos premières récitations, les mains derrière le dos pour une meilleure concentration.
Les écoliers que nous étions, vêtus de tabliers, souvent ayant appartenu à nos frères ou sœurs, portaient des cartables et, au son de la cloche, se mettaient en rang, bien alignés et en silence, dans la cour pour se diriger vers les classes .Nous avions des tables en bois où s’encastrait l’encrier en porcelaine blanche, lequel était rempli d’une encre violette, contenue dans une bouteille avec bouchon verseur. C’était l’élève de service qui se chargeait de cette tache.

Les tables avaient un casier où nous mettions nos livres et cahiers. Nous nous installions deux par deux, les grands de taille, derrière. Les tables, en général étaient réparties en trois rangées de six, souvent entretenues par les élèves une fois par mois en utilisant l’eau de javel rapportée de la maison.

Nos maitres savaient que rien n’est plus important que de donner aux élèves l’habitude de travailler avec soin, de maintenir la propreté autour d’eux, enfin de porter partout ce respect qui est la marque d’une bonne éducation.

Au fond de la classe, il y avait l’armoire, cette belle armoire en bois, vitrée, dans laquelle le maitre ou la maitresse rangeait nos cahiers.
Au milieu de la salle, un poêle à bois alimenté par des buches que le chef de classe d’une semaine, prenait plaisir à maintenir la combustion.

Il est vrai que tout le mérite revient à ce concierge de l’école, simple employé communal, qui s’activait tôt le matin à allumer tous les poêles de l’école .Nous retrouvions ainsi la tiédeur de la classe lorsqu’on arrivait exténués par la longue marche que nous effectuons chaque matin pour rejoindre notre chère école, surtout par le froid glacial de Sétif et de ses localités avoisinantes.

Il y avait même des porte - manteaux dans la classe.

Nous aimions par-dessus tout la saison hivernale lorsque nous devions rejoindre l’école en marchant dans la neige, portant des bottes en caoutchouc achetées chez Béranguer . C’était notre joie, la joie des gamins.

Les camarades doivent surement se souvenir des batailles de boules de neige rangées, après les cours du soir, sur le chemin du retour .Nous arrivions à la maison trempés, les gerçures aux doigts étaient visibles et nous nous précipitions vers le poêle ou le kanoun pour nous réchauffer. Nos chaleureuses mères avaient déjà préparé le bon lait de vache chaud et la galette qui l’accompagnait. Après les devoirs, il nous arrivait de ressortir pour un moment. Merci chères mères pour votre compréhension !

Nos pères étaient souvent en contact avec le maitre ou la maitresse ; soit ils viennent les voir soit, ils les rencontrent et gare si les éducateurs n’étaient pas contents de nous. La punition est doublée à la maison. Nos parents nous disaient constamment : « le maitre a toujours raison ! ».
Pères, mères, vous étiez analphabètes certes, mais vous nous avez donné le sens de l’éducation. Merci pour tout ce que vous avez produit en nous.

A SUIVRE


Toufik Gasmi

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