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A Sétif, la tradition du souk prédomine

La grande distribution face à la concurrence déloyale

lundi 6 février 2006, , article écrit par Abdelhalim Benyelles, La Tribune et publié par La rédaction


Avec la disparition des grandes surfaces -pour le cas de Sétif, 3 ex-Galeries algériennes se trouvant toujours fermées depuis le changement du système commercial et l’ouverture du marché au privé-, la prolifération des supérettes allait s’imposer comme une réalité dans le comportement de la population des consommateurs appelée à adhérer au mode commercial en vigueur.

A l’instar des grandes villes du pays, l’implantation de ces grands commerces de shopping à Sétif était attendue pour suppléer aux petits commerces traditionnels, l’épicier du coin. Mis à part l’échec de quelques expériences enregistrées les années précédentes, Sétif, agglomération de près de 400 000 âmes, ne compte actuellement que deux grandes surfaces commerciales fonctionnelles.
Pour leurs propriétaires, même si la rentabilité du commerce ne se présente guère sous de bons augures, l’heure est à la perception du long terme du marché de la consommation. L’approche paraît certes, réaliste pour un mode de commerce moderne dans nos cités et qui a du mal à s’imposer face à la concurrence féroce et déloyale d’un marché complexe sur différents fronts à Sétif. Historiquement, le souk hebdomadaire de Sétif faisait partie intégrante du comportement de la population, où il constituait depuis un passé lointain un espace privilégié de rencontres, de rapprochement et d’approvisionnement. Cependant, avec les transformations socio-économiques que connaît le pays, la perception de cet espace allait subir de nouvelles mutations où la notion de souk est désormais aujourd’hui conjuguée au quotidien avec les nouvelles générations soumises aux affres du chômage. A Sétif, le souk Abacha Amar, une vaste étendue de terrain vague non loin du centre-ville accueille quotidiennement des populations entières en quête de « bonnes affaires ». On y trouve de tout et à des prix fort abordables pour les petites bourses. Si, pour les architectes et urbanistes Abacha Amar constitue « une tache noire dans le tissu architectural urbain de la ville de Sétif », pour la population de consommateurs et pour les jeunes vendeurs, le lieu est privilégié tant pour les uns que pour les autres afin de faire face à la dégradation du pouvoir d’achat et au chômage. Le marché de gros de l’alimentaire, non loin, qui regroupe quelque 600 commerçants constitue le fournisseur idéal pour les jeunes vendeurs à la sauvette. De même pour les ménages qui y trouvent leur compte en opérant leurs petits achats sur place. Là, la notion d’éthique apparaît sous toutes ses formes de vulgarité, où l’importateur se transforme en petit détaillant, livrant ainsi une concurrence féroce au petit commerçant de la ville dont il est le propre point d’approvisionnement. A Sétif, la gestion des trottoirs comme celle des espaces environnant les mosquées constitue une autre atteinte à l’ordre du commerce. De véritables marchés fixes sont exposés face aux mosquées de la ville et des trottoirs carrément squattés par des vendeurs de produits en tout genre, attisant ainsi la convoitise.
Au niveau des cités nouvelles, les commerçants questionnés rétorquent que le créneau n’est guère avantageux, mais tout en se contentant d’une marge symbolique grâce à la formule d’achat par crédit qu’ils proposent à leur clientèle, ils tentent de résister, un tant soit peu, à la dure réalité du marché, s’accordent-ils à témoigner.
Pour l’un des deux propriétaires des grandes surfaces implantées au milieu d’une cité résidentielle, la tradition du souk prédomine dans le comportement du client qui préfère comparer les prix avant de prendre la décision de passer à l’acte de l’achat.
Selon lui, c’est la prolifération du marché parallèle à grande échelle et le manque d’éthique chez l’importateur et le grossiste qui constituent une concurrence déloyale face à la multiplication du commerce des supérettes dans une aussi importante agglomération que Sétif sur le plan commercial et démographique.


Abdelhalim Benyelles, La Tribune

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