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Sétif : Un fléau qui défonce nos jeunes

jeudi 16 février 2006, par Bougaa


Ils sont jeunes, souvent très jeunes, pour la plupart des désoeuvrés issus de toutes les couches sociales, ayant perdu tous les repères, leur seul échappatoire est devenu : la consommation du kif et des psychotropes.

Mais s’il restait bien admis que la consommation des drogues sous toutes ses formes, touchait avec prépondérance la junte masculine, la classe féminine n’est désormais que peu ou prou préservée. Aucun bilan officiel n’est pour le moment divulgué, cependant un prompt plongeant dans la conclusion d’une récente enquête orchestrée par un groupe d’universitaires dans le milieu des jeunes lycéens, universitaires et des jeunes sans emploi, notamment ceux qui résident dans les quartiers populaires où sont entassées les couches sociales les plus défavorisées, laisse entrevoir ce mal moderne qui ronge, désormais, la société sétifienne et la menace dans son essence même.

N. 21 ans, une jeune citoyenne que les circonstance de la vie n’ont pas toujours gâtée est devenue, avec le temps une proie à l’accoutumance, depuis quelques mois son rythme de consommation de kif s’est multiplié par deux. Pour cette jeune fille au regard hagard, un teint affecté d’une sorte de brume, le temps de fumer un joint n’est pas seulement un temps de plaisir, c’est plutôt un doux moment de décompression et de fuite momentanée dans un monde qu’elle renie et qu’elle refuse d’affronter. Issue d’une famille disloquée, sans père et une mère sans emploi, cette jeune disgraciée de la nature ne mâche pourtant pas ses mots. Pour elle, la société toute entière est à blâmer pour ce qui lui arrive. « nous vivons dans une société très dure où rien ne s’offre sans contrepartie. Mon frère unique, 31 ans, étant en prison, seule ma mère se débrouille pour assurer la survie de mes autres petits frères. La consommation du kif, je l’ai apprise avec mon copain Toufik, 25 ans, qui a dû tout comme moi s’échapper de chez lui pour ne pas avoir à vivre une réalité que nous refusons d’accepter », argumentera notre interlocutrice, faisant allusion aux mauvaises fréquentations de sa mère qu’elle dit ne point accepter.

N. n’est pourtant pas du genre à accepter la vie du trottoir, avec son copain, qui fait un peu de tout pour assurer à sa dulcinée un petit toit, qu’ils louent auprès d’un privé dans un ancien quartier de la ville, cette jeune fille a choisi le métier de femme de ménage qu’elle exercice auprès de gens qui la connaissent de bouche à oreille.

Le cas de K. 18 ans, bien que différent de celui de N. ne suscite pas moins d’inquiétude. Née dans une famille aisée, cette jeune lycéenne aux allures d’une fille de classe dit ne pas avoir de problèmes particuliers. Pour elle, la consommation du kif est un moment de distraction qu’elle partage avec ses trois copines intimes qui toutes n’ont pas les mêmes chances d’avoir toujours de l’argent en poche, « le plaisir de savourer un joint, je l’ai appris lors d’une « boom » que ma copine avait organisée à l’occasion de son anniversaire », nous révélera K., ajoutant que la consommation d’un joint lui procure un plaisir plus intense que celui que lui procure une cigarette à laquelle elle est dépendante depuis plus d’une année.

Ladite enquête révèle, par ailleurs, que la consommation des psychotropes et autres formes de drogues s’est nettement propagée atteignant des chiffres assez sérieux. Cette triste réalité, expliquerait-elle l’échec qui part en augmentant, ces dernières années ? Pour la majorité des parents d’élèves, ce fait, sans être unique, a fini par mettre vie à ce qu’on pourrait appeler, la délinquance scolaire qu’alimentent et favorisent à souhaits, ceux qui trouvent dans les milieux scolaires un marché d’écoulement des drogues moins risqué qu’ailleurs et certainement plus rentable.

Source : Le Quotidien

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