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Meriem Bouatoura, du lycée au maquis : Une combattante au courage exceptionnel

dimanche 1er mars 2015, par Zoghbi F, El Moudjahid


Depuis la nuit des temps, l’Algérie n’a cessé d’enfanter des héroïnes qui ont relevé bien des défis et nous ont laissé pour la postérité, le message de femmes courageuses, qui ont bravé tous les dangers pour la liberté de ce grand peuple que voici leur rendant un vibrant hommage en ce 8 mars qui incarne le sacrifice suprême de toutes ces femmes qui ont marqué, l’histoire de ce grand pays. Des femmes valeureuses que l’histoire de l’Algérie n’oubliera jamais au parcours de l’histoire riche de ce pays qu’elles ont marquée de leur sang et de leur bravoure au cours de toutes les agressions qu’à eu subir l’Algérie à travers le temps, jusqu’à la glorieuse Révolution de Novembre que voici brandissant le message de la reconnaissance à l’endroit de ces valeureuses algériennes. Dans ce flot de l’histoire de l’Algérie combattante, Meriem Bouatoura est sans nul doute une de ces héroïnes, une figure qui incarne la résistance des femmes qui se sont élevées, sans jamais reculer face aux forces du colonialisme français pour le recouvrement d’une liberté spoliée, la dignité et l’amour de la patrie.
L’histoire de cette jeune fille qui s’en est allé à la conquête des maquis très jeune, alors qu’elle était encore élève au lycée de jeunes filles de Sétif où elle poursuivait ses études secondaires, venant N’Gaous, sa ville natale, que le père, si Abdelkader, et sa famille quitteront alors sous la pression, mais aussi une répression sans précédant de l’armée française, une répression aveugle qui poussa alors Meriem et sa famille spoliée de tous ses biens à prendre le chemin de l’exode.
Née un 17 janvier de l’année 1938 à N’Gaous (w. de Batna) Meriem Bouatoura, que son père surnommait Yasmine, est appréciait particulièrement parmi ses frères et sœurs, Leïla, Hanifa, Janina, Nordine, Salah Eddine et Mohamed Laïd, emporte déjà très jeune dans ses bagages le souffle puissant des Aurès qui l’animait depuis sa plus tendre enfance.Elle s’installe parmi les siens à Sétif et fréquente chaque jour le lycée de jeunes filles où elle poursuit ses études secondaires. Un milieu qui permet à Yasmine de rencontrer beaucoup d’amis et de s’imprégner chaque jour un peu plus de la grandeur de la Révolution de Novembre qui brûle en elle et l’anime à ne plus vivre que pour la liberté et la dignité, en découvrant dans les journaux français qu’elle lisait chaque jour, le sentiment de haine qui animait l’occupant français et partant l’oppression barbare qu’il imposait à notre peuple.

À la fleur de ses 20 ans
Meriem était courageuse et très forte de personnalité, elle était également aussi belle que cette comparaison que l’on faisait d’elle avec Claudia Cardinale, attirant bien des regards de lycéens français mais réagissant à leur égard, toujours avec le même sentiment que les forces de l’occupant imposaient à son peuple. Une jeune fille qui brillait déjà par son courage, sa bravoure, son intelligence et qui alla, avec l’amour qu’elle portait à sa patrie jusqu’à fermer la porte à tous ceux qui venaient demander sa main : « Je ne me marierais pas, je rejoindrais le maquis et je défendrais mon pays », disait-elle à sa mère Yamina. Le 19 mai 1956, Meriem Bouatoura, alors lycéenne répond à l’appel de la patrie avec plusieurs lycéens de Sétif qui ne resteront pas insensibles à ce mouvement de grève et rejoindront en masse le maquis, convaincus en effet qu’« avec un diplôme de plus, nous ne ferons pas de meilleurs cadavres. » Avec Houria Mostefai, Malika Kharchi et Fatima Bensamra, Meriem Bouatoura forme alors avec succès le premier noyau de lycéennes aidée en cela par sa sœur Leïla. La police française la recherche et perturbe sans arrêt sa famille, s’interrogeant sur le pourquoi de l’abandon de ses études alors que Meriem avait tout pour réussir. Le vœu de Yasmine se réalise et lui permet de rejoindre le maquis en décembre 1956, sans aviser au préalable sa famille, qu’elle avisera plus tard par lettre que son père Abdelkader recevra. Meriem devra d’abord passer par Tachouda où elle restera durant une dizaine de jours avant d’être rejointe par 7 autres filles qui seront dirigées vers la Wilaya 2 historique, dans la dachra de Djarah sur les hauteurs de Collo. C’est ainsi que sera formé le premier Faoudj féminin avec Meriem Bouatoura, Ziza Massika, Malika Kharchi, Samia Keraguel, Houria Mostefai, Fatima Bensamra, Aicha Guenifi, Khadra Bellami, Zoubida Zerrouk, Kheira Zerouki, Samia Maiza, et Yamina Cherrad en plus de Leila Moussaoui de Jijel. Son courage exceptionnel, sa disponibilité et son intelligence impulseront cette jeune lycéenne de Sétif au rang d’infirmière aux côtés du Dr Lamine Khan qui quittera l’université en quatrième année de médecine puis au titre de la structuration qui sera opérée, devenir responsable de l’hôpital Khan-Maillot à Ouled Youcef, au cœur des montagnes de Collo, avec l’aide de Malika Bencheikh de Constantine qui seront rejoint par Houria Tobbal en 1958.
Meriem, souligne Abdelmalek Bourzem dans le livre qu’il consacra à cette héroïne était la seule à posséder une mitraillette du type « MAT 49 » et un pistolet 9 mm. Malgré la guerre, elle se déplacera à travers les montagnes vers les centres de l’ALN, ce qui ne manquera pas de la forger davantage. Un jour à sa demande et avec l’accord de ses responsable, elle rejoint, en 1960, les rangs de la guérilla urbaine dans la ville de Constantine.
Les opérations commando qu’elle mène dans les rangs du fida auprès du chahid Daoudi Slimane, dit Hamlaoui, et d’autres compagnons d’armes, déstabiliseront les forces françaises qui mobilisent alors des renforts importants et quadrillent la ville des Ponts où Meriem et ses compagnons sèment la terreur durant la bataille de Constantine. Meriem Bouatoura qui ne verra que deux fois ses parents, une première fois à l’automne 1957 elle rencontra sa mère et son grand-père et la seconde, un jour avant sa mort à Constantine sa mère, sa sœur et sa grand-mère. Elle tombera au champ d’honneur le 8 juin 1960 à la suite d’un violent accrochage au cœur de Constantine.
F. Zoghbi

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