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8 mars, journée internationale de lutte des femmes pour l’égalité en droits

jeudi 8 mars 2018, par Hamoud ZITOUNI


La journée du 8 mars est connue pour être la « journée de la femme ». En fait, il s’agit de la commémoration du combat des femmes pour l’égalité en droit avec les hommes et non pas une fête comme la fête des mères ni la saint Valentin comme elle semble tendre à le devenir. C’est une célébration à l’échelle planétaire pour rappeler et redonner souffle au long combat des terriennes pour accéder à l’égalité en droit dans tous les domaines et plus particulièrement dans l’accès à l’éducation, au travail, à l’égalité avec les hommes dans tout ce qui fait leur vie en ce monde.
La célébration de cette journée fut à l’initiative d’une certaine Clara ZITKIN, militante allemande à l’occasion de la seconde Conférence internationale des femmes socialistes en aout 1910. Mais elle ne fut effective qu’en 1917, après la grève de Saint Pétersbourg en Russie tsariste, à la veille de la révolution bolchévique d’octobre de la même année. Ce n’est que soixante ans plus tard (1977) qu’elle fut par l’ONU.

Même si depuis longtemps leurs conditions de vie se sont nettement améliorées et qu’elles ont conquis de réels droits dans plusieurs contrées de notre monde, les femmes continuent de souffrir des mauvais traitements, de la violence, de la maltraitance, des abus, des inégalités de droit au travail, dans la rue et même au domicile. Elle peut être confinée dans un harem, utilisée dans les champs comme une bête de somme, interdite de parole, maintenue dans l’ignorance, sous payée comme ouvrière dans l’atelier ou l’usine, utilisée même comme une bombe vivante par des fous de Dieu, violée et violentée par des hordes de mercenaires ou de désoeuvrés ou encore utilisée comme une bête de spectacle et de plaisir pour refoulés bon chic bon genre.

Qu’en est-il en Algérie ?

Comme beaucoup de pays dans le monde, notamment ceux dits du Tiers Monde ou du camp dit socialiste, la journée commença à être célébrée dès les premières années de l’indépendance, l’esprit émancipateur et de progrès social y était certainement pour beaucoup même si les cérémonies officielles présidées par le parti unique prenait souvent des allures folkloriques voire franchement ridicules. Il y eut même des blagues sur ce sujet commises à l’égard de l’ex responsable de « l’appareil du parti ». L’évènement du 8 mars fut incontestablement objet de récupération politique et continue de l’être à ce jour. Peu à peu, et malgré ou à cause de pluralisme politique lui-même indigent, les mouvances politiques même les plus conservatrices s’accommodent de cet évènement qu’ils transforment en kermesse avec discours de circonstance, de distribution de roses, de limonade et de petits fours.

Pourtant, en Algérie, malgré des insuffisances majeures dans les mentalités sociétales et quelques retours en arrière notoires d’ordre politique, l’émancipation des femmes durant une soixantaine d’années frappe par son évidence partout, dans toutes les régions du pays, dans les villes et les villages, la campagne, la montagne et le désert, avec bien entendu les inégalités de sort, parfois affligeantes ou même révoltantes.

La femme algérienne est d’abord devenue électrice à la veille de l’indépendance de son pays. Ce droit électoral n’est toujours pas reconnu à des citoyennes arabes. Plus tard, elle a pu avoir droit à être élue, seulement dans la forme, hélas au vu des conditions de vote en Algérie. Mais les grands acquis émancipatoires sont ailleurs : en premier lieu l’école et la santé. Et il faut se rendre à l’évidence : les décideurs des années 60 et 70 ont vu très juste. On peut mesurer à présent et en toute objectivité cet effet décalé sur la société algérienne et particulièrement sur sa moitié féminine. La démocratisation de l’enseignement ne fut certainement pas un vain mot démagogique.

Après qu’on lui a largement ouvert les portes de l’enseignement général, de l’université et des centres d’apprentissage et de formation, la femme algérienne a investi peu à peu d’autres secteurs réservés jusque là aux hommes : la médecine et la santé en général, l’enseignement, la magistrature et le barreau, les services de sécurité, les métiers d’ingéniorat, le journalisme et même le pilotage d’avions et le management d’entreprise. Le domaine de l’art et de la culture a lui aussi, dès les années 60, accueilli des femmes qui voulaient exercer leur talent dans la comédie, la musique, le chant, la peinture, le cinéma, la peinture, la littérature… Le sport a eu pour sa part son lot de lauréates qui ont honoré l’Algérie à l’échelle internationale y compris et surtout quand l’Algérie souffrait de la décennie noire et de l’ostracisme des puissants de ce monde. Toutes ces femmes dont nombre d’elles ont payé courageusement le prix du sang durant la décennie de la terreur et de l’horreur ont été dignes de leurs ainées du combat libérateur.

Aujourd’hui, la lutte, pacifique s’entend, reste encore longue à cause de la persistance des mentalités rétrogrades à tous les échelons de la société. Cette lutte ne doit pas être exclusive aux femmes mais à toute la société. Elle doit être menée d’abord au niveau du parlement pour promouvoir d’autres lois plus protectrices des droits de cette moitié de la population mais aussi dans les écoles, la mosquée, le quartier, les lieux de vies en général pour lutter contre la mentalité rétrograde, contre l’interprétation tendancieuse de texte religieux, contre le mépris et l’invective, contre le harcèlement, la violence et l’atteinte à l’intégrité, etc.. Car la femme épanouie est vraiment l’avenir de l’homme épanoui.

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