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Lorsque Sétif fut la capitale de la Maurétanie Sitifensis

mardi 27 octobre 2009, , article écrit par Nabil Foudi, Sétif.Info et publié par La rédaction


’Algérie, comme tous les pays qui donnent sur la mer méditerranée, fut un des comptoirs et territoire de la colonisation romaine après une domination carthaginoise et trois guerres puniques qui ont opposé la famille Barca de Carthage et celle de Scipion de Rome. Plusieurs villes comme Cartenna (Ténès), Iol ou Caesarea (Cherchel), Icosium (Alger), Saldae (Béjaia), Igilgili (Jijel), Sitifis (Sétif) et bien évidement notre chère Cuicul (Djemila), sont des témoins d’une civilisation fleurissante qui a dominé notre pays durant l’antiquité. Bien avant l’époque romaine, l’Algérie avec le Maroc, faisait partie d’un vaste territoire qui s’étend sur l’Afrique du Nord et délimité au Sud par la chaîne de l’Atlas. Ce territoire est appelé Maurétanie, un nom qui n’a rien à voir avec le pays Mauritanie (avec un "i" au lieu "é") dont le terme a été rétabli sous la forme d’une désignation officielle par le gouvernement français en 1904 et appliqués au territoire au Nord du Sénégal.

Maurétanie, ou Maurusia comme il était appelé par les écrivains grecs, signifie la terre des Mauri, un terme encore conservé dans le nom moderne de Maures avec une population dont les origines ethniques sont incertaines, mais il est probable que les habitants de cette contrée de l’Afrique du Nord étaient apparentées appartenant à la grande famille berbère. Ils apparaissent d’abord dans l’histoire à l’époque de la Guerre de Jugurtha (110 - 106 avant notre ère), quand la Maurétanie était sous le gouvernement de Bocchus.

À l’époque de Jules César, deux royaumes maurétaniens ont vu le jour, l’un à l’ouest de la rivière Mulucha (Moulouya, Maroc) sous Bogud et l’autre à l’Est sous Bocchus. Cependant, la date et la cause de la division sont méconnues. En 25 avant notre ère et après leur mort, Auguste donna les deux royaumes à Juba II de la Numidie, avec la rivière Ampsaga (l’actuel Oued El Kébir) comme frontière orientale. Juba II et son fils Ptolémée, régnèrent jusqu’au l’an 40 après notre ère, lorsque Ptolémée fut assassiné par Caligula à Rome. La Maurétanie passe après sous domination romaine en tant que deux provinces : Maurétanie Tingitane à l’Ouest de la rivière Mulucha (Moulouya, Maroc) et Maurétanie Césarienne à l’Est de cette rivière, ce dernier prenant son nom de la ville de Césarée (anciennement Iol et aujourd’hui Cherchel), que Juba avait ainsi nommé et a adopté comme sa capitale.

Ainsi, la ligne de démarcation entre les deux provinces était le même que celui qui avait initialement séparés la Maurétanie de Numidie. Ces provinces étaient régies jusqu’à l’époque de Dioclétien par les procureurs impériaux, et ont parfois été réunis pour des besoins militaires. La Maurétanie Tingitane fut rattachée administrativement après à la Diocèse de l’Espagne, tandis que la Maurétanie Césarienne a été divisé en rendant sa partie orientale dans un gouvernement distinct, qui s’appelait la Maurétanie Sitifensis dont la capitale fut Sitifis et lorsque l’empereur romain Nerva y établi une colonie de vétérans en l’an 97.

La Maurétanie Sitifensis qui s’étend de Saldae (actuellement Béjaia) jusqu’au Timgad (près de Batna) formait une région à part dans la Maurétanie Césarienne et habitées par des peuplades à peu près indépendantes et qui restèrent insoumises jusqu’au IVème siècle de notre ère. Cette nouvelle Maurétanie a été créée uniquement pour un but militaire. Le chef des détachements était en même temps gouverneur civil. De plus, l’administration civile était souvent confiée au gouverneur de la Maurétanie Césarienne et à Sétif même.

Ces trois provinces maurétanniennes gardaient depuis deux grands siècles et demi, leur organisation originelle dans un état florissant. Les insurrections devenues de plus en plus fréquentes dans les dernières années du IVème siècle puis la domination des Vandales en 429 de notre ère ont mis fin à cet empire avant que la région passe sous contrôle des Byzantins vers le milieu du VIème siècle.

Bibiographie :

 Complete history of the world, Richard Overy, The Times, 7eme édition (2007).
 The fall of the Roman Empire : a new history of Rome and the Barbarians, par Peter J. Heather
 The provincial capitals of Mauretania Caesariensis and Mauretania Sitifensis, par Sarah Philpot
 Cities in the sand, Leptis Magna and Sabratha in Roman Africa, par Kenneth D. Matthews.
 L’Algérie romaine, par Gustave Boissière
 Recherche sur les numides et les maures face à la guerre, depuis les guerres puniques jusqu’à l’époque de Juba Ier, par Ouiza Ait Amara - Université Lyon 3.


Nabil Foudi, Sétif.Info

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