L’azerole ou le fruit de la « patience »

Chacune des saisons du cycle annuel apporte son lot. Bien qu’elle évoque la dormance, celle de l’automne se présente chez nous sous la forme d’un climat particulièrement doux et agréable mais cette saison est également appréciée pour la grande disponibilité de toutes sortes de fruits arrivés à terme, succulents, aux saveurs exceptionnelles et gorgés de soleil de l’été. Les figues, les figues de barbarie, les pommes les poires, les coings, les pèches, les grenades, les pastèques, les raisins, les dattes etc… sont disponibles à profusion dans tous leurs états et sur tous les étals. Pour tout le monde ,l’automne, c’est synonyme également de la rentrée des classes, de la rentrée sociale mais c’est surtout la préparation de la nouvelle saison agricole qui s’annonce par des labours, des semailles et l’ emblavement de grands espaces des hautes plaines du Sud de la Wilaya ainsi que la cueillette des olives pour les régions montagneuses de la Kabylie en vu de raffiner et d’extraire ces huiles dont la réputation dépassent depuis très longtemps les frontières du pays .

Pour les plus petits, friands de gâteries, cette saison ne représente pas moins un atout exceptionnel de divertissement aux jeux de billes, la cueillette et la consommation d’un autre genre de fruit. Il s’agit du produit de azerolier ou ce fruit charnu, acidulé et juteux qu’est azerole dont la taille n’est pas plus grosse d’une bille.

Dérivé du mot Arabe az-zaazour, l’Azerolier est cet arbre rustique, particulièrement recherché par les enfants et les écoliers pour ses fruits parfumés que nous appelons communément « Zaaror 3arab », en opposition à Zaaror Francice, M’chimcha ou le néflier. C’est un arbre fruitier (Crataegus azarolus) du genre Crataegus (aubépine) appartenant à la famille des Rosaceae. Il peut atteindre la hauteur de 10 mètres et donne un fruit dont la couleur jaune ou orangé le transforme en automne de cette belle auréole reconnaissable de loin. Il pousse principalement dans le pourtour du bassin méditerranéen et ne nécessite aucun soin particulier. Comme le chêne qui produit des glands ou le châtaignier, il vit souvent à l’état sauvage sur des terres ou des sols très pauvres mais ensoleillés et peut résister à des températures extrêmes été comme hiver.

Ce fruit qui muri juste à la rentrée des classes est échangé par les enfants qui vont le cueillir par eux même, loin dans la compagne, souvent sur les hauteurs moyennes ou flancs de montagnes .Sa vente permet à certaines familles démunies d’améliorer les revenus pour offrir à leurs enfants quelques autres gâteries qu’ils n’auraient pu se permettre autrement.

La mesure de base est représentée par le volume d’un verre de 25 cl à peu près. Il y a bien de quoi remplir plusieurs petites poches pour faire le chemin de retour de l’école vers la maison. Nous avons tous plus ou moins gouté à ce fruit saisonnier, délicieux que nous grignotons sans fin jusqu’à sa disparition.

Aux paris, aux jeux de billes ou autres joutes d’enfants et d’écoliers, les perdants sont astreints au payement de redevances représentées par autant de mesures de ces Zaaror 3arab qui se transforment en la circonstance monnaies d’échanges.

C’est l’histoire de l’Azerole, le fruit de notre passion ou Zaaror 3rab de chez nous.